samedi 7 juillet 2018

Je t'aime quand tu es comme ça...

Les chiens se sont arrêtés, elles s’approchent, la plus menue des deux me sourit : « Tu les sors tous les jours tes chiens, même quand il pleut. » Ce n’est pas une question, elle sait, elle me voit tous les soirs, même si je ne la vois pas. Et puis sûrement qu’on en parle dans le village, la dame aux trois chiens noirs. Ici on ne promène pas les quatre pattes, au fond de la cour, attachés, enfermés le plus souvent, juste bon à gueuler pour prévenir des voleurs de poules. 
« Tu les aimes tes chiens ! » Sa voix est douce, il émane d’elle quelque chose d’une grande beauté, elle sait ce qu’est aimé !
Elle sait que c’est prendre soin, être attentionné, disponible… Ah petite fille, la plus belle chose de cette journée en toi, par toi, et là me reviennent tous ces enfants rencontrés en des moments aussi magiques.

Ces deux fillettes, enfants du cimetière de Manille, rencontrées dans la grande Maison d’ATD Quart monde. J’étais affectée aux cuisines, et n’avais pas eu le bonheur de partager avec tous ces marmailles venus du monde entier. Et là le jour du départ, elles se sont approchées de moi, je me suis penchée pour les embrasser, l’une a pris mon visage entre ses mains, et a murmuré, je ne sais plus quoi, elle me consolait, me caressait. Tout mon être a tressailli de cette rencontre, comme si un ange était descendu sur terre, j’ai pleuré.
Les garçons aussi, du Pérou, qui revenant de Genève, m’avait offert au milieu de l’assemblée une flûte de pan, fabriquée de leurs mains.

Plus loin encore, ce petit Michel, il était si tendre. Je le vois encore assis sur une chaise devant la porte du foyer, à l’heure où les éduc de l’après midi arrivaient. Il te disait : « Bonjour, tu vas bien ? » d’une manière ! Terre et ciel étaient là dans cette salutation. Et ce jour où nous nous étions perdus lors d'une promenade dans la forêt, il était fatigué, il nous fallait nous dépêcher il allait faire nuit, alors je l'ai porté sur mes épaules. Il était si petit, si léger ! Et lui me tapotant le dessus de la tête : « Ça va, ça va ? ». Cet enfant plein de gratitude, prenait soin. Le temps qu’il a été accueilli dans cet établissement, l’amour régnait, même les plus durs s’étaient apaisés.

Plus loin encore, ce petit garçon, le mien, un matin pas comme les autres, sans que l’on puisse dire pourquoi, que tout était beau et rayonnant, qui m’avait dit : « Je t’aime quand tu es comme ça. »




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