lundi 21 août 2017

Sauve-terre ...

Je ne suis pas de ce pays, c'est bien certain
Et quand je suis entrée dans ce café du coté du Béarn
Le sac sur le dos, la cape aussi, il avait plu
C'était un dimanche...

J'avais marché dans une rue étroite de façades
Déserte, mes pas résonnaient, et une musique
Comme une balle rebondissait de murs en murs
La pluie avait cessé.

Plus loin encore, la ville était aussi déserte
Et puis ce café, cette grande porte vitrée
Je l'ai poussée, j'étais fatiguée, reprendre un peu de force
Avant d'aller chercher l’hôtel pas cher pour les pèlerins.

Une salle si grande, pleine de monde
Ça parlait, ça parlait, me suis glissée entre les tables
Personne ne me voyait, me suis assise dans un coin
Personne ne me voyait et pourtant le garçon est arrivé.

Aussitôt il a pris ma commande, et déjà
J'étais servie. Lui aussi on aurait dit qu'il ne me voyait pas
J'ai bu mon café, j'ai écouté un peu le souffle de la salle
Et puis me suis levée pour partir.

C'est là, alors que je traversais la salle si vaste
Que c'est arrivé, alors que personne ne me voyait
Un vieux monsieur s'est levé, s'est approché
M'a presque prise dans ses bras.

Mes mains il les tenait entre les siennes
Il m'a parlé, il voulait m'embrasser
J'ai pris peur, un peu, juste comme ça
Alors il m'a dit : « Une autre fois. »

Quand j'ai trouvé l'hôtel pas cher pour les pèlerins
Je n'y croyais pas, l'hostellerie du château, de vieux murs
Et de lierres, la pluie avait repris, c'est à peine si j'osais entrer
C'est la fatigue qui m'a poussée à le faire.

Une dame est aussitôt arrivée
Pas eu besoin de lui expliquer, elle m'a invitée à la suivre
Une fois encore, je n'osais pas avec mes gros godillots trempés
Et ma cape qui dégoulinait mais elle était déjà dans l'escalier.

Escalier en majesté, de vieux tapis défraîchis, elle a poussé la porte
La chambre sentait bon la cire, une grande armoire, un lit d'antan
Les volets étaient fermés, « Il ne faut pas les ouvrir »
Oui, tout est bien.

Plus tard, j'ai dîné seule dans une petite salle...
Un brin de jasmin sur la table
Je n'en avais jamais vu, mais je l'ai de suite
Reconnu, tout est bien.

Dehors une petite terrasse, la pluie
Finissait de s'égoutter, doucement
Dans les dernière lueurs du jour
J'étais là, et je n'y étais pas.


Tout est bien, si profondément bien
Quelque chose m'attendait dans cette petite ville du Béarn
Quelque chose de silencieux.
J'étais bien au rendez-vous... 




 

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