Sujet
de la semaine sur le blog Mil et Une
Atelier
d'écriture.
Quand
il ne fut plus possible d'ignorer que tout simplement nous nous
étions trompés de chemin, les catastrophes s'enchaînant les unes
au autres, inexorablement, il se passa cette chose incroyable que
l'on tint une grande assemblée.
Pour
la première fois tous furent conviés, le dernier-né, les plus
vieux même les séniles, toutes les couleurs de peaux de culture
sous le même chapiteau.
Quelle
cohue ! Tous voulaient prendre la voix, dire sa façon de voir,
vite, vite, comme si leur vie en dépendait. Quelqu'un cria :
« Il nous faut un chef ! », un autre :
« Surtout pas de chef, ce sont eux qui nous ont conduit là ! ».
Dans ce tohu-bohu, des mouvements comme des courants travaillant la
masse, et l'on vit des petits groupes se former, quelques personnes
qui avaient la même opinion se rassembler, d'autres les
rejoignaient, des groupes fusionnaient jusqu'au moment où, face à
face, deux groupes distinctes.
Il
y eu un grand silence, cela se regardait, mauvais, dressés en rangs
alignés. Le silence néanmoins en imposait à tous, alors dans
chacun des deux groupes, certains prirent la parole.
Groupe
A : Si nous avions su nous aimer nous n'en serions pas là, mais
voilà, il fallait du profit, toujours plus de profit, écraser les
petits au nom de la raison d'état !
Groupe
B : Ah, parlons-en de l'amour ! Qu'avez-vous fait en son
nom, la charité, vous donner bonne conscience, jouer les bisounours,
gloire aux émotions charnelles, et tous ces crimes passionnelles ?
Sans maîtrise la vie n'est que chaos.
A
: Quelle est-elle votre maîtrise ? Qui en vous maîtrise et
quoi ? Votre arrogance n'a d'égale que votre ignorance, vous
qui prétendez maîtriser la nature.
B
: Nous aurions atteint le but si vous aviez obéi en entrant dans le
contrôle de vos émotions, nos calculs sont précis, la raison pure
est toute puissante.
A
: Toute puissante ? Toute puissante la partie sur le tout, ce
qui est limité sur l'illimité ? Pensez-vous en raison détenir
toutes les informations ?
Le
silence ponctuait les reproches que l'un adressait à l'autre, le
silence ne cessait de travailler en chacun et l'on voyait des
personnes sortir des rangs d'un groupe pour rejoindre l'autre groupe,
tant et tant qu'à la fin, cela fit une danse. Plus personne pour
adhérer au groupe A qui revendiquait l'amour, plus personne pour
adhérer au groupe B qui prétendait la suprématie de la raison.
Une
danse et c'était la musique qui menait la danse, tous entendaient le
chant du monde battre la mesure en ce qu'il y a de plus profond au
cœur de la matière. Tous voyaient le carrefour où la méprise
avait eu lieu, alors que la terre s'était séparée du ciel, le haut
du bas, avoir cru que c'était pour s'opposer l'un à l'autre, la vie
contre la mort, se séparer toujours plus sans jamais plus pouvoir se
retrouver. Ils riaient tous : illusion, illusion créatrice,
cette danse orchestrée par le chant du monde.
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