Le
penseur,
Surtout celui qui développe la science de la rhétorique
Met entre lui et la relation une montagne
De savoirs, de certitudes, ça raisonne !
Il a toujours quelque chose à rajouter
Jamais à
cours de développement
Il peut même prétendre la simplicité
Mais
ne connaît rien de la magie de la simplicité.
Rien
ne lui échappe, rien ne doit lui échapper
Il agit comme un
prédateur
Prédateur humain des temps modernes
Qui racle les fonds
de l'océan.
Pour autant il ne connaît rien des profondeurs
Où
jamais il ne met les pieds.
Que se passe-t-il quand le penseur s’aperçoit qu’il est la pensée ?
RépondreSupprimerQue se passe-t-il véritablement quand le penseur est la pensée, de même que l’« observateur » est la chose observée ? Que se passe-t-il ? Dans un tel état il n’y a pas de séparation, pas de division, et par conséquent pas de conflit ; et plus n’est besoin de contrôler ni de mouler la pensée. Que se passe-t-il alors ? La pensée continue-t-elle à vagabonder ? Avant, il y avait un contrôle de la pensée, une concentration, il y avait un conflit entre le « penseur » se proposant de contrôler la pensée, et la pensée errant dans tous les sens. C’est là, ce qui se passe tout le temps pour nous tous. Et puis, tout à coup, il y a une subite illumination par laquelle on aperçoit que le « penseur » est la pensée - c’est une réalisation, ce n’est pas une affirmation verbale, c’est un mouvement réel.
Que se passe-t-il alors ? Y a-t-il encore cette pensée qui vagabonde ? Quand l’« observateur » se prend pour autre chose que sa pensée, alors il se propose de la censurer ; il peut alors dire : « Ceci est une pensée juste ou une pensée injuste », ou « la pensée vagabonde, il me faut la contrôler » . Mais quand le penseur réalise qu’il est lui-même la pensée, y a-t-il encore vagabondage ? Regardez en vous-mêmes, messieurs, n’acceptez pas ce qui est dit mais voyez par vous-mêmes. Il y a conflit quand il y a résistance ; la résistance est engendrée par le penseur, se figurant qu’il est autre chose que la pensée ; mais quand il se rend compte, quand il voit qu’il est lui-même la pensée, il n’y a plus de résistance - et il ne s’ensuit pas que la pensée vagabonde dans tous les sens suivant sa fantaisie, bien au contraire.
Alors toute cette notion du contrôle et de la concentration subit un immense changement ; l’esprit devient toute attention, quelque chose d’entièrement différent.
J. Krishnamurti -
Le vol de l’aigle -