mercredi 1 avril 2015

L'enfant (4)

- Dis pourquoi ils vendent toutes ces armes, si c'est pas pour faire la guerre ?

- Je suis bien d'accord avec toi, mais quelqu'un d'autre te dirait qu'il faut se défendre et pour se défendre il faut être prêt. Si tu le laisses parler, il finira par te raconter et là tu verras qu'il ne fait pas que se défendre, il se dresse et ne cesse d'attaquer. Mais ne faisons-nous pas de même ? Cet agacement  que celui-là ne va pas assez vite, qu'il pense de travers ? Qu'est-ce que c'est ? C'est le germe, le germe de la guerre. Je ne dis pas que c'est pas bien, que c'est pas juste, cela est.
On ne se force pas à changer cela, même en soi. Quand on le fait, on croit gagner, et c'est encore le germe, de la guerre. Si rien d'autre que ma volonté agit, c'est la guerre.
Cette autre chose... ce n'est pas ce dieu dans sa très grande volonté qui commande obéissance. Pour ce dieu ils font la guerre. Preuve manifeste que ce n'est encore que leur volonté.
Autre chose... dans le silence de la solitude, quand tu oses être seul dans cette relation au monde, que tout ton corps se fait écoute, parfois cela se manifeste. Parfois, parce que cela ne dépend pas de ta volonté. Ce n'est pas extérieur, ni à l'intérieur, cela est de toi et te dépasse et t'englobe. C'est au plus profond et la profondeur n'est ni de l'extérieur, ni de l’intérieur, dans une détente du corps et de l'esprit, si vaste, en travail toujours...
Il n'est pas d'autre choix, enfin pour moi, que d'aller ce chemin, qui n'est ni de se laisser aller, ni de se laisser faire, ni d'en décider, ni de chercher la perfection, ce chemin non tracé sur lequel toi seul peut aller.

- Mais alors tu es toujours seule ?

- Non, c'est ça qui est extraordinaire, sur ce chemin tu vas seul mais tu n'es pas dans ce sentiment d'isolement qui entraîne à s'accrocher à ceci, à cela. Cela t'habite, tu es cela qui bruisse et murmure partout, en tout. Et là encore ce "partout et en tout", n'offre aucune sécurité dans le sens de la continuité. Aussitôt que tu tires le fil de la continuité, tu t'éloignes, tu tournes le dos, tu t'agaces, tu es en guerre.
Laisse tomber tous ces mots, va sans crainte, je serai sûrement là, à chaque fois que tu auras vraiment besoin, il suffira que tout ton être soit dans cette écoute.


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