Il
y a quelques jours à peine, le souvenir de Moïse le chat sauvé des
eaux est venu se présenter, et voilà que dans la nuit, dans la
cour, cette nuit dans la cour, un miaulement. Un chaton, venu je ne
sais d'où. Il mange tout seul celui-là, tigré noir, une drôle de
frimousse, pas sauvage, il vient donc d'une maison, mais déjà il
est ici chez lui. Les deux chattes qui vivent encore avec moi, en
sont toutes troublées.
Sur
mes talons, à côté, tout près, il me parle sans arrêt, me
renifle, me regarde... Il est entrain de se jouer le mensonge que je
suis sa mère... Mensonge ? Il y aurait donc une vérité qui
serait l'opposé : je ne suis pas sa mère.
Vrai
et faux, n'ont aucun sens, là où se joue la danse du vivant. Tu
danses ou tu ne danses pas, c'est tout.
J'étends
mes ailes de mère oiseau, de mère ourse, de mère et de père. Il
en a toujours été ainsi.
Comment
vais-je l'appeler celui-là ? Peut-être une fille, je n'ai pas
encore regardé, sûrement une fille, les gens s'en débarrassent
systématiquement.
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