mardi 12 mai 2015

Tous les temps en même temps... ici et maintenant

Depuis ce matin, il pleut à torrent. En début d’après midi je décide de sortir les chiens, la pluie est moins dense.
Sous nos capes, nous chantons : « Petit escargot porte sur son dos… ». L’enfant est joyeuse, la route est rivière, les bottes barbotent.

Et là, qui rampe, un être, si petit, tente la traversée. Impossible de dire, bébé tangue… non un chaton, nouveau-né, il porte encore le cordon.
Sarah a peur, elle hurle : « C’est un monstre ! ». Vrai il a piteuse allure. Les chiens bondissent, prêts à dévorer cette chose qui appelle. L'enfant est toute à sa panique, les trois laisses à distance, je ramasse le souffle de vie, il se blottit en ma main. « Calme-toi, c'est un petit chat, il faut que tu m'aides, ouvre la poche de ma cape, que je le glisse-là. »
Le voici dans une serviette, il dort. Que vais-je faire ? Trop petit...
« On meurt bien tout seul. » Alors je l’ai nourri au biberon, fait sa toilette, tenu au chaud d’une bouillotte.

Moïse, sauvé des eaux, il a grandi et les trois chiens l'ont accepté, et le vieux chat et la chatte blanche. Libre, il partait faire de grandes virées, il revenait en m'appelant bien fort. Et puis, un jour, il n'est plus revenu.
Le temps a passé, les chiens sont tous morts et les chats aussi, d'autres chats sont venus. Je suis encore-là dans ce trou de montagne, le fil de Sarah, le fil de chacun d'eux en moi... et ce grand espace qui s'ouvre sur un sourire suspendu aux nuages.
C'est un travail dans les profondeurs, de chaque instant, où les attachements se fondent dans cette montagne, dans sa respiration de vents, de nuages qui courent sur ses flancs, et parfois s'ouvre sur l'infini d'un ciel vacuité.


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