Depuis
ce matin, il pleut à torrent. En début d’après midi je décide
de sortir les chiens, la pluie est moins dense.
Sous
nos capes, nous chantons : « Petit escargot porte sur son
dos… ». L’enfant est joyeuse, la route est rivière, les
bottes barbotent.
Et
là, qui rampe, un être, si petit, tente la traversée. Impossible
de dire, bébé tangue… non un chaton, nouveau-né, il porte encore
le cordon.
Sarah
a peur, elle hurle : « C’est un monstre ! ».
Vrai il a piteuse allure. Les chiens bondissent, prêts à dévorer
cette chose qui appelle. L'enfant est toute à sa panique, les trois
laisses à distance, je ramasse le souffle de vie, il se blottit en
ma main. « Calme-toi, c'est un petit chat, il faut que tu
m'aides, ouvre la poche de ma cape, que je le glisse-là. »
Le
voici dans une serviette, il dort. Que vais-je faire ? Trop
petit...
« On
meurt bien tout seul. » Alors je l’ai nourri au biberon, fait
sa toilette, tenu au chaud d’une bouillotte.
Moïse,
sauvé des eaux, il a grandi et les trois chiens l'ont accepté, et
le vieux chat et la chatte blanche. Libre, il partait faire de
grandes virées, il revenait en m'appelant bien fort. Et puis, un
jour, il n'est plus revenu.
Le
temps a passé, les chiens sont tous morts et les chats aussi,
d'autres chats sont venus. Je suis encore-là dans ce trou de
montagne, le fil de Sarah, le fil de chacun d'eux en moi... et ce
grand espace qui s'ouvre sur un sourire suspendu aux nuages.
C'est
un travail dans les profondeurs, de chaque instant, où les
attachements se fondent dans cette montagne, dans sa respiration de
vents, de nuages qui courent sur ses flancs, et parfois s'ouvre sur
l'infini d'un ciel vacuité.
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