Là,
sortant les chiens, je découvre un ciel, de ceux que je nomme
"ciel vacuité".
Les yeux découvrent l’ampleur du processus, la crête des
montagnes si nette, les feuilles, les branches vivantes dans cette
profondeur, c’est un bruissement lumineux, chaque brin d’herbe
s’anime de l’intérieur.
Le
corps se meut, sans effort, il n’y a plus de réelles frontières
entre dedans et dehors, ce n’est que transparence. Lorsqu’on
présente à cette lumière la main, elle devient diaphane, la ligne
rosée de la peau ébauche une forme.
L’acuité
visuelle est grande, elle s’éveille à la vibration, découvre ce
qui tranche sans séparer.
L’air
qu’on respire est plein de cette énergie qui se déverse en tout.
Absence
d’émotions.
Pas
de Ho, de Ah, que c’est beau !
Ce
n’est pas le silence, au plutôt si, le silence est là, dans la
nature au-delà des bruits de la vie qui n’ont pas cessé, mais
aussi en soi au-delà des pensées qui suivent leur train !
Tout
est comme à l’habitude, et même l’énervement après ce chien
qui n’écoute pas, mais derrière, tout près, le silence en cette
intensité.
Nous
voici sur le chemin du retour, et brusquement Noireau plonge dans le
fossé, avec tant de force qu’il casse la laisse et là,
tout près, un petit chat roux, qu’il tue, en un instant.
Je
le vois, qui plonge ses crocs dans le ventre doux du jeune animal…
Hallucinant,
dans cette intense lumière qui pénètre tous les corps, ce chien,
qui prend sans pitié, la vie en l’autre.
Il
s’éloigne avec la victime en sa gueule, puis il revient
triomphant déposer à mes pieds cette offrande. Juste, là, dans
cette herbe inondée de l’intense lumière.
Un
homme arrive qui voit la scène et le chat en la gueule du chien, et
le chat déposé à mes pieds. Désignant le chaton inerte : « Celui
là était là-bas ce matin, je l’ai vu, mais comment a t-il fait
pour venir jusqu’ici ? »
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