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jeudi 3 mars 2016

Le tempo parfait

Là, sortant les chiens,  je découvre un ciel, de ceux que je nomme "ciel vacuité".
 
Les yeux découvrent l’ampleur du processus, la crête des montagnes si nette, les feuilles, les branches vivantes dans cette profondeur, c’est un bruissement lumineux, chaque brin d’herbe s’anime de l’intérieur.
 
Le corps se meut, sans effort, il n’y a plus de réelles frontières entre dedans et dehors, ce n’est que transparence. Lorsqu’on présente à cette lumière la main, elle devient diaphane, la ligne rosée de la peau ébauche une forme.
 
L’acuité visuelle est grande, elle s’éveille à la vibration, découvre ce qui tranche sans séparer.
L’air qu’on respire est plein de cette énergie qui se déverse en tout.
 
Absence d’émotions.
Pas de Ho, de Ah, que c’est beau !
 
Ce n’est pas le silence, au plutôt si, le silence est là, dans la nature au-delà des bruits de la vie qui n’ont pas cessé, mais aussi en soi au-delà des pensées qui suivent leur train !
Tout est comme à l’habitude, et même l’énervement après ce chien qui n’écoute pas, mais derrière, tout près, le silence en cette intensité.
 
Nous voici sur le chemin du retour, et brusquement Noireau plonge dans le fossé, avec tant de force qu’il casse la laisse et là, tout près, un petit chat roux, qu’il tue, en un instant.
Je le vois, qui plonge ses crocs dans le ventre doux du jeune animal…
 
Hallucinant, dans cette intense lumière qui pénètre tous les corps, ce chien, qui prend sans pitié, la vie en l’autre.
Il s’éloigne avec la victime en sa gueule, puis il revient triomphant déposer à mes pieds cette offrande. Juste, là, dans cette herbe inondée de l’intense lumière.
 
Un homme arrive qui voit la scène et le chat en la gueule du chien, et le chat déposé à mes pieds. Désignant le chaton inerte : « Celui là était là-bas ce matin, je l’ai vu, mais comment a t-il fait pour venir jusqu’ici ? »