mardi 22 janvier 2019

Intimement liées...

Au cœur de la question du temps, la question de la mort
Pas la mort en tant que sujet de dissertation philosophique
Pas la mort et les croyances des uns et des autres
Pas même celle d'autrui, mais la tienne, la mienne.
 
Les anciens arrêtaient la pendule
A l'heure précise du décès de l'un des leurs
Ces deux questions sont intimement liées. 




Victor Brauner - La pétrification de la papesse 1945  

2 commentaires:

  1. Ils arrêtaient le temps... peut-être pour ne pas les oublier.
    Je n'aime pas le tableau, mais j'aime ta réflexion.
    Merci pour tes pages.
    Passe une douce journée. Bisous.

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    1. J'aime beaucoup ce tableau... :)

      Ces traditions autour de la mort sont intéressantes à interroger.
      Arrêter les pendules à l’heure du décès, couvrir les miroirs, etc. pourquoi ?

      En Corse et en Provence, on ouvrait parfois la porte, ou la fenêtre, de la maison du défunt afin que l’âme puisse prendre son envol vers le ciel, on ne la refermait qu’après l’enterrement. C’est à la même tradition qu’il faut rattacher l’habitude de voiler les miroirs dans les régions françaises. Jean Markale dans Les Contes de la mort des pays de France décrit cette pratique : « On devait recouvrir tous les miroirs et tous les objets brillants, susceptibles d’empêcher l’âme du défunt de prendre son envol ou de s’égarer. Et surtout, il était nécessaire de retourner, face au mur, les assiettes, récipients, casseroles et chaudrons, qui eux aussi auraient pu retenir l’âme. Il fallait également recouvrir soigneusement les vases contenant du lait ou de l’eau, ou bien les vider, tant était grande la croyance que l’âme pouvait s’y noyer. Dans certaines régions, surtout méditerranéennes, on expliquait ce geste par la crainte qu’on avait de voir les liquides souillés par la mort. »
      Van Gennep, dans son Manuel de folklore français contemporain publié en 1946, a largement montré à quel point, dans toutes les régions de France, on prend des précautions pour éviter le retour de l’âme du défunt, celle-ci refusant parfois de partir si elle a été mal accompagnée. En Bretagne, il existait un monde intermédiaire dans lequel les âmes des défunts étaient encore liées à l’univers qu’elles venaient de quitter, il fallait alors les soutenir dans ce passage vers l’autre monde.

      C’était le premier rôle de la veillée funéraire. Prières, chants, contes, parfois, jouent ce rôle d’accompagner l’âme errante, avec la force psychologique apportée par tout le village présent. Mais quand quitte-t-elle le corps ? Combien de temps reste-t-elle à tournoyer près de lui ? Les traditions sont indécises et laissent des marges, par sécurité : souvent, elle part avec l’enterrement – lorsque le corps est à sa place, la vie peut reprendre son cours. Ne pas laisser le corps du défunt seul, l’accompagner par des prières du groupe, c’est une manière de « l’avoir à l’œil », de s’assurer qu’il n’est pas un danger pour le village, que son deuxième principe, son âme, s’inscrit bien dans ce chemin du passage qui l’entraîne dans son univers à elle, dans « l’autre monde », celui auquel nous n’avons pas accès.

      D’autres sens ont pu s’ajouter à celui-ci : le sens de l’hommage, saluer bien sûr une dernière fois l’ami, le voisin, le parent. Il s’agit également de soutenir la famille tant sur le plan moral que concret en lui évitant les tâches quotidiennes, ce qui était la norme autrefois (notamment pour la préparation des repas), pour la laisser tout entière à l’accompagnement du défunt vers son au-delà.
      Là encore, Jean Markale dresse l’inventaire des pratiques régionales : « Après la mort d’un de ses membres, la famille cessait toute activité, les voisins se chargeant d’accomplir les tâches les plus urgentes, notamment le soin à apporter aux animaux et la traite des vaches. Il fallait changer de costume, revêtir des habits de deuil, et cela jusqu’au repas des funérailles. Il était défendu de balayer la chambre et de faire du bruit dans la maison. On devait arrêter les horloges et toutes les sonneries, cela jusqu’au retour du cimetière. […] Enfin, en Corse, les femmes se réunissaient pour crier et hurler des lamentations funèbres, mais la coutume existait également en Saintonge, en Aunis, au Pays basque et dans toute la Gascogne. Il arrivait aussi qu’on mît le deuil aux ruches, en y accrochant des morceaux d’étoffe noire. Quelquefois, c’étaient les animaux, et même les végétaux, qui étaient mis en deuil. »

      Source : Le grand livre de la mort à l’usage des vivants, sous la direction de Dr Michel Hanus, Jean-Paul Guetny, Joseph Berchoud...

      Plus ici : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?f=2&t=56650

      Merci Quichottine
      Belle journée !
      Bisous

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