Le soir... durant la promenade...

– Le soir durant la promenade des chiens je vois un petit oiseau, je ne sais pas si c'est toujours le même, sûrement pas !

C’est un cardinal, le corps rouge carmin. Il se perche sur les fils, sur les herbes hautes, parfois si près…mais si je le regarde, il s'envole aussitôt.

– Tu peux le regarder mais de côté.

– Oui, c'est ça de côté !

Alors pourquoi de côté, le regard est trop intrusif ?

– Non, le regard de côté exprime la non volonté de "prédater".

– Il y a des animaux, comme les lézards, qui se laissent regarder, à condition de parler en même temps.

– Ils ne t'entendent pas

– Ah bon ? Suis sûre qu'ils écoutent.

– Ils écoutent autre chose que les sons de ta voix, par contre ils entendent bien toutes tes vibrations.

C’est pourquoi tu peux les regarder, ils se servent des vibrations de ton corps et surtout celles de tes pieds pour connaître tes intentions.

– Ah oui, mais tu vois, si je ne parle pas, ils se sauvent, peut être que c'est parce qu'alors c'est en moi que ça change ?

Leur parlant, doucement, je me mets en accord avec d'autres vibrations en moi.

– Précisément, en parlant tu remues les lèvres ce qui représente un signal clair.

Le prédateur qui prend la position de chasse ne remue jamais la bouche car tout mouvement de la bouche, lèvres ou langue trahit manifestement l'intention.

Le fait que tu remues les lèvres signifie que tu ne chasses pas.

– Ha… tout a sa raison d’être, au service de la survie, voilà ce que tu me dis ! Oui je comprends, et le beau est dans cette observation sans interférer avec… oui encore avec du sentimentalisme. Continuons, veux-tu ?

– Oui.

 Frédéric Lamy