vendredi 22 juillet 2022

Le message vivant, d'instant en instant

 
Tous furent des révolutionnaires en rupture avec une culture
La tradition, des modes de fonctionnement…
Des doux et des Verbes forts.

Et puis ceux qui parlent de l’un à l’autre
Quoi qu’il en soit des mots qui tranchent dans les habitudes
Les incohérences, les faiblesses…

Et puis, tous désavoués par l’adoration
Le message vivant, codifié, institutionnalisé, sacralisé
Déformé…

Des conflits de croyances, rien que des idées
Au service de la bonne forme, la juste éducation
Pour une vérité qui se révèle d’instant en instant !
 
Dans cette histoire là, que l’on dit spirituelle
Vrai le pire… nos névroses s’en donnent à cœur joie
Elles y trouvent justification
 
Et pourtant en soi, dans le silence...
Là, où il n’y  a plus de spectateur, plus de critique, ni de louange 
Là, où ne prétendons rien
Ni d’être ceci, de savoir cela… et de le posséder…
 


Merci

2 commentaires:

  1. Extrait de "L’Homme qui marche" de Christian Bobin

    Le temps qu’il fait

    Il marche. Sans arrêt il marche. Il va ici et puis là. Il passe sa vie sur quelque soixante kilomètres de long, trente de large. Et il marche. Sans arrêt. On dirait que le repos lui est interdit.

    Ce qu’on sait de lui, on le tient d’un livre. Avec l’oreille un peu plus fine, nous pourrions nous passer de ce livre et recevoir de ses nouvelles en écoutant le chant des particules de sable, soulevées par ses pieds nus. Rien ne se remet de son passage et son passage n’en finit pas.

    Ils sont d’abord quatre à écrire sur lui. Ils ont, quand ils écrivent, soixante ans de retard sur l’événement de son passage. Soixante ans au moins. Nous en avons beaucoup plus, deux mille. Tout ce qui peut être dit sur cet homme est en retard sur lui. Il garde une foulée d’avance et sa parole est comme lui, sans cesse en mouvement, sans fin dans le mouvement de tout donner d’elle-même. Deux mille ans après lui, c’est comme soixante. Il vient de passer et les jardins d’Israël frémissent encore de son passage, comme après une bombe, les ondes brûlantes d’un souffle.

    Il va tête nue. La mort, le vent, l’injure, il reçoit tout de face, sans jamais ralentir son pas. À croire que ce qui le tourmente n’est rien en regard de ce qu’il espère. À croire que la mort n’est guère plus qu’un vent de sable. À croire que vivre est comme il marche – sans fin.

    L’humain est ce qui va ainsi, tête nue, dans la recherche jamais interrompue de ce qui est plus grand que soi. Et le premier venu est plus grand que nous : c’est une des choses que dit cet homme. C’est l’unique chose qu’il cherche à faire entrer dans nos têtes lourdes. Le premier venu est plus grand que nous : il faut détacher chaque mot de cette phrase et le mâcher, le remâcher. La vérité, ça se mange. Voir l’autre dans sa noblesse de solitude, dans la beauté perdue de ses jours. Le regarder dans le mouvement de venir, dans la confiance à cette venue. C’est ce qu’il s’épuise à nous dire, l’homme qui marche : ne me regardez pas, moi. Regardez le premier venu et ça suffira, et ça devrait suffire.

    Il va droit à la porte de l’humain. Il attend que cette porte s’ouvre. La porte de l’humain, c’est le visage. Voir face à face, seul à seul, un à un. Dans les camps de concentration, les nazis interdisaient aux déportés de les regarder dans les yeux sous peine de mort immédiate. Celui dont je n’accueille plus le visage – et pour l’accueillir, il faut que je lave mon propre visage de toute matière de puissance – celui-là, je le vide de son humanité et je m’en vide moi-même.

    A toi, Miche !

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