lundi 8 août 2022

Les donneurs de leçon

 
Il y a quelques temps déjà, alors que nous allions dans le village, mes chiens ont été attaqués par un boxer fou. J’évitais de passer par cette route, attaché au bout d’une chaîne, ce n’était que fureur, vociférations, menaces de tuerie.
L’image est là, nous allions tranquillement, j’étais distraite, à regarder ailleurs, lorsque dans un angle de vision qui habituellement reste aveugle, je l’ai vu. Il avait rompu sa chaîne et dans ce silence s’élançait.
Le silence fait un ralentissement, qui cède d’un coup, dans les hurlements de la bagarre.
Je les tenais en laisse, les trois compagnons, je ne les ai pas lâchés, avec eux je me suis battue.
Quatre contre un, il ne céda rien, il était décidé, à la mort !
Il y avait cette femme, de l’autre coté de la rue, je lui criais d’intervenir, au moins tenter quelque chose, c’était son chien !
Je la sentais tétanisée, tout son corps hurlait sa peur et son impuissance.
Un attroupement, de voitures et de leurs occupants, personne pour intervenir.
Puis, un homme a surgi, sans bruit, avec une barre de fer recourbé, il a neutralisé le chien fou.
 
Je sais, combien, les chiens tenus enfermés, attachés, sont dangereux.
Je sais, aussi que nombres de propriétaires, le font exprès, ils veulent des chiens de garde, sans pitié.
Je sais, comme nos passages, les rendent furieux, maîtres et chiens.
 
Un autre jour, j’ai croisé, ce couple, eux aussi sortent leur chien, un molosse. Lui, m’a parlé de la bagarre, dans le village tous au courant.
Il me dit, en conclusion, qu’il ne va jamais sans un bâton, et que je devrais bien faire de même.
La peur, j’en ai pris un, durant quelques ballades, et puis, je me suis fatiguée. Le bâton pour les pérégrinations au long court, oui, mais là, franchement, trop encombrant. Et puis… les sens en alerte, éviter les endroits connus pour le danger potentiel, et s’en remettre.
 
Viens le petit Sam, il adore les ballades en poussette avec les chiens qui marchent à côté. Matin et soir, quand il est là, nous allons. Nous écoutons les musiques de la nature, les couleurs des fleurs, c’est un doux moment. Dans les chemins il marche, pas trop loin, il est un peu timide. Pour tout dire ça m’arrange, avec les plus grands j’ai eu des frayeurs à les voir partir en courant, et s’ils ne s’arrêteraient pas avant la route…
En face, de l’autre côté de la chaussée, avance ce couple avec le molosse. Je m’arrête, tiens les chiens plus court attendant qu’ils nous dépassent.
Et voici que cet homme traverse et s’approche avec son grand bâton et son gros chien, faisant monter la pression. J’entends sa femme : « Tu ne vas pas… », mais, elle n’a pas voix au chapitre, il va.
Là, je comprends, il me donne la leçon, je vais sans bâton !


Les trois compagnons

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