Quand
tout était harmonie, ce n'est pas qu'il n'y ait eu qu'une seule
force, c'est que les deux forces étaient mariées, ni confondues, ni
hiérarchisées, mariées. Il y avait donc l'amour et c'est liberté,
il y avait donc respect et c'est responsabilité, ne pas attendre de
l'autre et tout recevoir. Il en était ainsi.
Que
s'est-il passé ?
L'un s'est éloigné, non pas à la façon de
l'être libre, qui dit : « Voilà je pars en voyage, à
bientôt », non à la manière de ce qui rompt, divorce, abandonne,
reproche. L'autre a blêmi, a gémi, s'est ratatiné, s'est senti
coupable, puis la colère, tout jeter.
A
feu, à sang, plus d'amour, plus de liberté, plus de respect, plus
de responsabilité.
Nous
en sommes là, je parle d'une manière générale, et aussi
particulière, nous en sommes-là dans tellement de mécontentent des
autres et de soi.
-
Allons ne soyons pas pessimistes, cela va s'arranger !
- Non,
les arrangements sont du passé. Tu vois je pense que ce n'est pas
une fatalité, cette dissension répond à une intention plus
profonde, le mariage des forces doit se faire en chacun. Ce n'est pas
une histoire de couples, d'amis, de familles, de clans... C'est la
question de l'individuation.
Parce
que du même niveau, cela n'a encore jamais existé, pour le moment
c'est chacun pour sa gueule.
RépondreSupprimerLa raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
– Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
– Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point.
– C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Jean de La Fontaine
Merci Mémoire du Silence
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