« Il
faut se mettre à la place de l'autre pour éviter les
malentendus ! »
Ah ?
Qui fait quoi ?
Je
me mets à ta place, tu te mets à ma place ?
Bon
nous avons changé de place. Cela pourrait être utile, si je ne
m'étais déplacée avec tout mon barda, si je suis en mesure de
regarder la vue qui s'offre à cette autre fenêtre. Mais même dans le cas
si rare où des personnes sont en mesure de regarder par la fenêtre
et non de reproduire le bruit en elle, se mettre à la place de... ne
change pas le problème de regarder par des fenêtres différentes.
Est-ce vraiment un problème ?
Si
nous savons l'un et l'autre que nous ne voyons pas le même paysage
(qui pourtant dans sa globalité en l'instant T est le même) nous
n'allons pas nous disputer en des :
je
te dis qu'il y a un pont et un arbre
mais
non, voyons ! Ni pont, ni arbre, une petite église !
Nous
allons compléter l'un à l'autre pour une vision plus large.
Nous
avons déjà bien avancé, ces deux-là ne sont plus au bruit en eux,
regardent vraiment par la fenêtre, savent qu'ils ne voient pas tout
du paysage, ils ne peuvent en voir qu'une partie.
Toutefois,
il reste un possible problème, la question des étages. Celui qui
est plus haut a la vision d'un champ plus large du paysage que celui
qui est au rez de chaussée. Le plus souvent, celui d'en-bas lève la
tête vers le haut, la parole divine ne vient-elle pas d'en haut ?
Il ne regarde plus par sa fenêtre les détails du pavé, il se
soumet à la vision de la tourelle.
Pourtant
qu'un instant, ils soient l'un et l'autre dans la juste position et
l'information circule du bas en haut, du haut en bas, à droite, à
gauche, dans toutes les directions.
Ce
n'est plus toi, ce n'est plus moi, ou celui-là, ou cet autre qui
détienne la vérité. La vérité surgit de la communication entre
tous ces points.
Voilà
ce que pourrait être l'humanité, unie par l'intention du monde.