Peu
après alors que nous restions sans rien dire, et j'ai senti
qu'elle laissait l'émotion qui l'avait gagnée se dissoudre, ou peut
être dissoudre quelques nœuds, je la regardais et lui demandais :
«Penses-tu que nous puissions aller sans plus aucun regret
concernant notre passé ? Je ne parle pas de pardon, ni de
réconciliation, encore moins de déni, mais du silence qui
accompagne ceux qui ont cessé de se retourner sur ce qui a été, ce
qui n'a pas été, ce qui aurait pu être, ce qui aurait du être.
Vois-tu ce chemin de liberté ? Le sens-tu dans toute sa beauté
immédiate ? ».
J'attendais,
sans impatience, mais j'attendais, non pas la réponse de son corps à
mon corps, non, ce qu'elle allait me dire avec les mots. J'attendais
sa parole à elle, ses mots à elle.
Elle
hésitait, dans la main elle tenait son masque préféré celui de la
fille qui nage dans le bonheur d'une activité lucrative, et voilà
qu'elle l'a laissé tomber. Les masques qui tombent, ça ne fait
aucun bruit, juste l'impression d'un pchttt.
« Oui,
je comprends. C'est possible, et … , elle hésita un peu, ça
toujours été là entre toi et moi, je t'en voulais tellement,
tellement ! ».
Pas
une larme, pas un geste, il n'y avait plus rien à dire et nous
n'avons plus rien dit. Nous avons fait ce qu'il y avait à faire, la
vaisselle, une promenade dans le village avec les enfants, c'était juste paisible.
Puis elle
est partie, sa vie est là-bas, la mienne est ici.
Comme ce texte est touchant, mais ce niveau de relation est rare. Cela me semble impossible entre membres d'une même famille, où les liens sont si forts. J'aurai l'impression d'être orpheline.
RépondreSupprimerElysa
C'est rare, oui ! Tant d'attachements, oui ! Et pourtant se sentir si seul !
RépondreSupprimerMerci Elysa pour tes commentaires.
Bonne soirée à toi.