dimanche 19 octobre 2014

... suite

Peu après alors que nous restions sans rien dire, et j'ai senti qu'elle laissait l'émotion qui l'avait gagnée se dissoudre, ou peut être dissoudre quelques nœuds, je la regardais et lui demandais : «Penses-tu que nous puissions aller sans plus aucun regret concernant notre passé ? Je ne parle pas de pardon, ni de réconciliation, encore moins de déni, mais du silence qui accompagne ceux qui ont cessé de se retourner sur ce qui a été, ce qui n'a pas été, ce qui aurait pu être, ce qui aurait du être. Vois-tu ce chemin de liberté ? Le sens-tu dans toute sa beauté immédiate ? ».
 
J'attendais, sans impatience, mais j'attendais, non pas la réponse de son corps à mon corps, non, ce qu'elle allait me dire avec les mots. J'attendais sa parole à elle, ses mots à elle.
Elle hésitait, dans la main elle tenait son masque préféré celui de la fille qui nage dans le bonheur d'une activité lucrative, et voilà qu'elle l'a laissé tomber. Les masques qui tombent, ça ne fait aucun bruit, juste l'impression d'un pchttt. 
« Oui, je comprends. C'est possible, et … , elle hésita un peu, ça toujours été là entre toi et moi, je t'en voulais tellement, tellement ! ».
 
Pas une larme, pas un geste, il n'y avait plus rien à dire et nous n'avons plus rien dit. Nous avons fait ce qu'il y avait à faire, la vaisselle, une promenade dans le village avec les enfants, c'était juste paisible. 
Puis elle est partie, sa vie est là-bas, la mienne est ici.

2 commentaires:

  1. Comme ce texte est touchant, mais ce niveau de relation est rare. Cela me semble impossible entre membres d'une même famille, où les liens sont si forts. J'aurai l'impression d'être orpheline.
    Elysa

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  2. C'est rare, oui ! Tant d'attachements, oui ! Et pourtant se sentir si seul !
    Merci Elysa pour tes commentaires.
    Bonne soirée à toi.

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