Voici un texte de Krishnamurti, ces mots me parlent toujours aussi fort tant je suis en accord avec ce qu'ils disent.
Vous
ne devriez pas être trop ici ; soyez si loin qu’ils ne
puissent vous trouver, qu’ils ne puissent en avoir après vous pour
vous modeler, vous mouler.
Soyez
si loin, comme les montagnes, l’air exempt de pollution ;
soyez si loin que vous n’ayez ni parents, ni relations, ni famille,
ni pays ; soyez si loin que vous ne sachiez même pas qui vous
êtes ; ne les laissez pas vous trouver ; ne les laissez
pas entrer en contact de manière trop proche.
Tenez-vous
loin là où vous ne pouvez même pas vous trouver vous-même ;
gardez une distance qui ne peut jamais être franchie ; gardez
un passage ouvert à travers lequel personne ne peut venir.
Ne
fermez pas la porte car il n’y a pas de porte, seulement une
ouverture, passage sans fin. Si vous fermez n’importe quelle porte,
ils seront très proches de vous, puis vous serez perdus.
Tenez-vous
loin là où leur souffle ne peut vous atteindre, et leur souffle
voyage très vite et très profondément ; ne vous laissez pas
contaminer par eux ; par leurs mots, par leurs gestes, par leur
grande connaissance.
Ils
ont une grande connaissance, mais soyez si loin d’eux que vous ne
pouvez même pas vous trouver vous-même. Parce qu’ils vous
attendent, à chaque coin de rue, dans chaque maison, pour modeler,
pour vous mouler, vous déchirer en morceaux, puis vous mettre tous
ensemble à leur propre image.
Leurs
dieux, les petits et les grands, sont des images d’eux-mêmes,
sculptés par leur propre esprit ou leurs propres mains. Ils vous
attendent, l’homme d’église et le Communiste, le croyant et le
non-croyant, parce qu’ils sont les mêmes ; ils pensent qu’ils
sont différents mais ils ne le sont pas car ils vous lavent tous
deux le cerveau, jusqu’à ce que vous soyez des leurs, jusqu’à
ce que vous répétiez leurs mots, jusqu’à ce que vous adoriez
leurs saints, les anciens et les récents, ils ont des armées pour
leurs dieux et pour leurs pays, et ils ont des experts en tuerie.
Tenez-vous
loin, mais ils vous attendent, l’éducateur et l’homme
d’affaires ; on vous entraîne pour les autres à vous
conformer aux demandes de la société, ce qui est une chose
mortelle.
Ils
feront de vous un scientifique, un ingénieur, un expert de presque
tout, de la cuisine à l’architecture, en passant par la
philosophie.
Tenez-vous
loin, très loin ; ils vous attendent le politicien et le
réformiste ; les uns vous traînent dans le caniveau, les
autres vous réforment.
Ils
jonglent avec les mots et vous serez perdus dans leur désert.
Tenez-vous
loin ; ils vous attendent, les experts en dieux et les lanceurs
de bombes ; les uns vous convaincront et les autres vous
montreront comment tuer ; il y a tellement de manières pour
trouver dieu, et tellement, tellement de manières de tuer.
Mais
outre tout cela, il y a les requêtes des autres vous disant quoi
faire et quoi ne pas faire, tenez-vous loin de tous ceux qui vous
attendent, mais alors le jeu devient si compliqué et divertissant
qu’alors vous serez perdu.
Vous
ne devriez pas être trop ici, soyez si loin que vous ne pouvez vous
trouver vous-même.
Ils
ont une chose appelée société et famille : ces deux sont
leurs réels dieux, le filet dans lequel vous serez empêtrés.
Krishnamurti’s
Notebook, Full Text Edition
©
2003 by Krishnamurti Foundation Trust Ltd.
Soyez dans votre grande distraction qui n'est pas le contraire de l'attention...
RépondreSupprimerLol, le paradoxe oui.
RépondreSupprimerLe paradoxe... basé sur les opposés et non les contraires.
RépondreSupprimerCe qui est sûr c'est que c'est grâce à SA distraction que l'attention passe à travers les mailles d'un fatal "filet"...
RépondreSupprimer"Après tout, il faut bien vivre avec les vivants et laisser l'eau couler sous les ponts sans nous en occuper, ou du moins, sans en être troublé plus que ça."
SupprimerMontaigne.
Ben, si Montaigne a dit ça ! Lolll
SupprimerLui ou un autre...
SupprimerAlors en voici un autre :
SupprimerL'Étranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle?
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Charles Baudelaire
in "Le spleen de Paris"
Et en musique :
https://youtu.be/rk1mO7gVHqs
Merci Étrangère.
Supprimer... de rien, Étranger.
SupprimerCe qui est sûr ?
RépondreSupprimerLa grâce ?
SA
Ah, ce goût pour ce qui ne cesse de nous échapper, nous si petits, si faibles, entre les mains du divin...
Si petits et si faibles et pourtant tellement destructeurs !
Petite conscience ne demande pourtant qu'à grandir.