Les bonnes œuvres...

Et  voilà qu'elle me raconte l'histoire de l'anorak.

Il y avait à la porte de la supérette un jeune qui mendiait
Le bonnet enfoncé sur les oreilles, dans un pauvre pull-over troué
Elle est passée une première fois sans rien lui donner
Et puis, elle a eu des regrets
Alors elle est repassée par là, et lui a donné quelques monnaies.


Elle lui a demandé s'il n'avait pas froid, et lui de répondre
Que si, il a froid !
Alors elle pense à l'anorak, celui de son défunt mari
Qu'elle ne peut se séparer de ses vêtements 
Bien pendus dans la penderie du couloir
Elle lui dit :
« Je reviens, j'ai un vêtement chaud à la maison, si vous voulez, je vous le donne. »
Elle lui a donc apporté l'anorak, bien chaud, de qualité... 
Qu'il n'avait que si peu porté... celui qui a quitté.


Le jeune, elle ne l'a plus vu à la sortie de la supérette
Et quelques temps après, à la pharmacie, c'est lui
Elle est sûr que c'est lui 
Habillé proprement, chaudement, il ne porte pas l'anorak !
Les regards se croisent, elle en est sûr c'est lui !
Elle me raconte tout ça, qu'elle a des regrets
C'est un tricheur, et qu'a-t-il fait de l'anorak ?

Doux Jésus, prends pitié !

Je lui dis qu'on ne peut pas savoir, que peut-être il a trouvé du travail, que sa situation s'est améliorée. Ou alors pour mendier oui, il met des habits de circonstances, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas dans le besoin.

-Peut-être qu'il l'a vendu l'anorak !!! le ton est plein de reproche...

Et là, je vois dans sa tête, cet homme est devenu sa chose
Il devait être là quand elle viendrait à la supérette, à mendier avec l'anorak 
Qu'elle lui avait donné, et encore la remercier
Elle aurait dit que « Non, c'est pas la peine, c'est du cœur ! »
Oui, elle lui aurait dit ça ! 
Quelle misère !
Que ces donateurs, que ces charitateurs, que ces exemplateurs
Quelle misère ! Je les exècre ! Ils sacrifient le plus beau
L'amour, l'enfant à naître, le toujours nouveau !