mercredi 1 juin 2022

Je t’aime quand tu es comme ça…


Les chiens se sont arrêtés, elles s’approchent, la plus petite me sourit : « Tu les sors tous les jours tes chiens, même quand il pleut». Ce n’est pas une question, elle sait, elle me voit, tous les soirs, même si je ne la vois pas. Et puis, sûrement qu’on en parle dans le village, la dame aux trois chiens noirs. Ici, on ne promène pas les quatre pattes, au fond de la cour, attachés, enfermés, juste bon à gueuler pour prévenir des voleurs de poules. « Tu les aimes tes chiens. » Sa voix est douce, il émane d’elle quelque chose de … lumière, elle sait ce qu’est aimer ! Elle sait que c’est prendre soin, être attentionné, disponible…Ah petite fille, la plus belle chose de cette journée en toi, et là me reviennent tous ces autres enfants croisés en des instant aussi magiques.

Ces deux fillettes, enfants de la rue de Manille, rencontrées dans la grande Maison d’ATD Quart monde. J’étais affectée aux cuisines, et n’avais pas eu le bonheur de partager avec tous ces marmailles venus du monde entier. Et là le jour du départ, elles se sont approchées de moi, je me suis penchée pour les embrasser, l’une a pris mon visage entre ses mains et a murmuré… je ne sais plus quoi, elle me consolait, me caressait. Tout mon être a tressailli de cette rencontre, comme si un ange était descendu sur terre, j’ai pleuré. Intérieurement, pleurer intérieurement, c’est puissant ça !

Plus loin encore, ce petit Michel, il était si tendre. Je le vois encore assis sur une chaise devant la porte du foyer, à l’heure où les éduc de l’après midi arrivaient. Il te disait : « Bonjour, ça va ? » d’une manière ! Terre et ciel unis dans cette salutation. La période où il a été accueilli dans cet établissement, l’amour régnait, même les plus durs s’étaient apaisés.

Plus loin encore, ce petit garçon, le mien, un matin pas comme les autres, sans que l’on puisse dire pourquoi, que tout était beau et rayonnant, qui m’avait dit : « Je t’aime quand tu es comme ça. ».



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