vendredi 5 août 2022

Au temps lontan

 
Mémoire vive, glissement, le parfum, le goût
L’atmosphère des souvenirs lontans …
 
« Nos souvenirs ne sont pas fiables 
Il suffit de retourner sur les lieux pour le vérifier. »
 
Oui, dans mon souvenir cette cour était bien plus grande !
Mais j’étais encore une petite fille
Au bout de la main de mon père
Comme le monde me semblait grand !
Et pour la parcourir cette cour, plus de pas.
Elle était plus belle aussi, de vieilles pierres
Un « abandon » bien vivant
Qui n’existe plus dans cette restauration.
 
Derrière la petite fenêtre
Je te vois, je te sens, je te touche
Tu n’allumais l’électricité que la nuit venue
Et encore !
Une ampoule de 25 watts dans la suspension
Monte et baisse
Ça en faisait des discussions
Qu’ils disaient que tu t’abîmais les yeux
Que quand même, faut pas exagérer !
Toi, tu ne disais rien, tu les laissais dire.
 
Dans le vieux frigidaire qui ne fonctionnait plus
Tu rangeais les journaux qui te serviraient
A emballer les haricots fraîchement cueillis
A l’aube tu allais dans les champs
Puis sur ton vélo, dans un cageot
Tu allais les vendre au marché.
 
Plus tard, quand je venais seule te rendre visite
Le dimanche en fin d’après midi
Tu étais là, derrière une autre petite fenêtre
A lire, à coudre, et même à ne rien faire…
Tu me racontais, comme dans tes lettres
Les potins du quartier
Rien de bien intéressant, mais nos corps échangeaient
Ces informations de l’autre côté.



Franz von Defragger

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