Les lianes se sont échappées du terrain cultivé et l’enfant, qui est si grand pour son âge, m’a aidée à cueillir quelques grenadilles bien mûres.
Ce matin, en vélo, il file devant. Le voilà qui revient, quelques fruits dans une main :
– Une excursion chez le voisin.
– Ah, non, il ne faut pas entrer chez les gens !
– Pourquoi ? C’est pas bien ?
– Écoute. On appelle ça, "propriété privée" et la loi des hommes en interdit l’accès. Les animaux se font des territoires qu’ils marquent de leurs urines et excréments, c’est une question de survie, une question d’interactions vivantes. Rien n’est figé dans le règne animal, c’est comme ces lianes qui s’échappent.
Les hommes pensent qu’ils sont supérieurs aux animaux et les traitent bien mal. Tu vois les vaches là-bas, attachées nuits et jours qui se chient dessus ? Les hommes, eux, ont fait des clôtures de barbelés, de hautes murailles, faisant les propriétés privées de liberté. Ils ont oublié qu’ils étaient venus pour autre chose que la répétition, si bien qu’ils sont dans la destruction. Ceci dit, il nous faut vivre en paix avec eux, surtout quand on ne voit pas les choses comme eux.
– C’est de la lâcheté ça !
– Non c’est de l’intelligence, si tu les affrontes, tu n’obtiendras que la guerre. Et ce n’est pas ce que tu veux. Invisible à leurs yeux, je cueille les fruits, les brèdes, et me nourris de ce qui n’appartient pas. Tu comprends ? Ce qui n’appartient à personne, à la nature toute entière.
« Celui qui est maître de lui-même est plus puissant que celui qui est maître du monde. »
RépondreSupprimerBouddha
:) oui...
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