Quand je t’ai connu,
tu tissais, aussi tu filais la laine. Tu marchais d’un pas
paisible, et je te voyais dans le bois près de la petite rivière
humer le parfum des mousses.
Moi, je te parlais
nuit et jour… il n’y avait plus que ça.
Tu sentais bon la
terre, et j’aimais le son de ta voix, la douceur de ton regard,
j’aimais tout en toi, je voulais être ton amie.
Tu me disais :
l’amitié se construit, il faut prendre le temps de la laisser
grandir. Tu m'énumérais les parures de cette grande dame, la
patience, la rigueur, la gentillesse...
Tu me disais le long
chemin qui mène de là-bas à ici, je ne comprenais pas.
Tu murmurais des
rencontres remarquables, je touchais cela en toi, je glissais sur le
dos de tes mots.
Je me souvenais....
une marche qui ne devait jamais finir, nomades nous étions,
cueillant les baies, les herbes, trouvant abri sous la voûte
étoilée, et cela se suffisait.
Ces paysages, que
j’avais toujours portés en regrets, je les voyais et j’avais une
peur panique qu’ils disparaissent à nouveau.
Tu me parlais de cette
demande intérieure quand elle se fait si grande, que cela se
produit, tout naturellement.
Alors, j’allais
rassurée, cela avait toujours été en moi…
Si quelque chose
est réel, au-delà de nos gesticulations, si quelque chose vaut la
peine qu’on se donne… comme si on le faisait pour l’autre, pour
le monde…
Je l’ai voulu c’est
certain, à la pointe de la désespérance à écouter ce monde, je
l’ai voulu y mettant toutes mes forces, me confrontant à mes
confusions, mes faiblesses, mes peurs, et cela est "donner le
meilleur".
Je l’ai voulu pour
ce que je sentais en toi qui m’habite aussi, pour ce que je ne
reconnaissais pas… pour recevoir et être reçue dans ce qui nous
fait et nous défait.

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