Que
je vous raconte…
Je
venais faire le ménage dans la chambre, lorsque je remarque une
grosse chenille qui grimpe sur la vitre derrière le rideau.
Je
la dérange un peu, manœuvrant la fenêtre, puis je la surveille
tout en faisant mon lit. Je me dis aussi que les états d’âme
changent vite de couleur, il y a quelques minutes j’étais dans les
gris de la séparation, et me voici dans les rosés de l’espoir.
Une
chenille ! Un papillon ! Peut être même pouvoir être
témoin de ça, ici même en la chambre où le corps s’endort tous
les soirs.
Elle
a disparu, le temps d’écrire les mots ci-dessus. Je l’ai
cherchée, ne pas la blesser si elle se trouve en quelques
encoignures. J’ai retrouvé ainsi des margouillats et de petits
crapauds écrasés par inadvertance. Et puis je veux savoir où en si
peu, elle a pu aller.
Peine
perdue, il faut se rendre à l’évidence, elle reste introuvable.
Je
me dis que c’est à cause de ces mots, ces mots de trop que l’on
s’est empressée d’écrire. "Deux pies, bonheur, une pie
malheur !" Non, cela est prêté aux mots un pouvoir qu’ils
n’ont pas !
Juste
voir le mystère de cette apparition et de cette disparition, mystère
puisqu’on ne sait pas.
Et
puis voir, dans le silence, que cette chenille n’a disparu qu’aux
yeux aveugles. Elle est là quelque part, à poursuivre son propre
cheminement, en un lieu plus propice que cette chambre.
Juste
que là, où elle est, je n’y suis pas.
Ah,
j’ai retrouvé la chenille, elle se tortillait sur le
carrelage du salon. Je l’ai doucement attrapée pour la porter
ailleurs.
Mais
où ? Je suis ignorante, de ses besoins.
Dans
l’ombrière, au milieu des plantes, je l’ai déposée. Dans le
trouble de l'errance, elle pointe un dard qui doit se vouloir
menaçant.
(Sourire…),
tu me fais un peu peur, mais te voilà libre d'aller à ta
convenance.
La
voici qui s’enfonce dans le sol… et de découvrir que certaines
chenilles font leur cocon dans le giron de la terre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de vos commentaires