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lundi 20 février 2023

Cela lui devint cependant un destin


Celui-là courait
Il fuyait comme on fuit ce que l'on a trop vu
Inutile !
Celui qui parlait était un fou
Fallait-il le croire ?
 
Prendre une décision
Le croire ou ne pas le croire
Ils se disputèrent
Toute la nuit durant
Au matin, la décision fut prise
Et s'imposa à tous.




mercredi 14 septembre 2022

« Viens je vais te montrer mon arbre »

 
Te voilà, à tracer devant, dans ce fouillis d’arbres où les branches forment troncs.
Ce bois je le connais, il y a un endroit où passer que les autres conduisent à des ravines où s’entrelacent les rochers, bien trop haut pour tes petites jambes et pour les miennes qui s’ankylosent de douleurs.
Alors tu râles, il te faut rebrousser chemin.
Nous y arrivons, enfin !

J’ai dit mon arbre, ce n’est pas qu’il m’appartienne, mais entre nous quelque chose s’échange …
Un jour que je passais là, c’est comme s’il m’avait fait signe, entre ses racines une place pour s’asseoir, juste ce qu’il faut. C’est toujours le matin, le soleil perce juste en face l’épaisse verdure.
Cryptomerias, au tronc rugueux, élancé, la tête hors de la touffe, je m’installe le dos tout contre toi, et la paix descend, les pensées s’absentent…

Petite Sarah s’y pose un instant et déjà la voilà repartie !


F. Lamy

dimanche 11 septembre 2022

Jouer au « jeu de l’amour »

 
La nuit s’installe peu à peu
Il joue, les figurines en plastique
S’entrechoquent violemment
Avec sa bouche il fait du bruit
Beaucoup de bruit.
 
 « Si tu jouais au jeu de l’amour
Tu aurais moins peur, tu sais… « 
 
Il s’arrête un instant de manier
Ses bonhommes monstrueux.
 
- Je suis le plus fort, je les bats tous !
Me répond-il d’un air décidé
Je suis le super héros ! 
 
- Ah… et le super héros
Pourquoi ne joue-t-il pas au jeu de l’amour
Puisqu’il ne risque rien ?




vendredi 9 septembre 2022

Des murs ...

 

Nous sommes passés près de l’école, celle qu’il fréquentait encore l’année dernière que le voilà au collège. Cet été la mairie a fait des travaux, oh non ils n’ont pas agrandi l’école, ils ont dressé tout autour de hauts murs de parpaings, si haut qu’on ne voit plus la cour de récréation.

Bon sang ! Nous ne disons rien, c’est tout à fait inutile. Et puis ça vient comme ça, au bout d’un moment de lassitude :

« Écoute, des murs comme ça, les hommes vont en construire de plus en plus. Ce qu’ils ne savent pas c’est que ces murs toujours plus hauts vont s’écrouler comme s’écrouleront tous les barrages sur le fleuve du vivant. Écoute encore, tu n’auras pas peur parce que je te montre là, VOIR. Tu n’auras pas peur et tu ne nourriras pas de rancœur pour ceux qui construisent tous ces murs. Eux ne voient pas. »


jeudi 8 septembre 2022

L’enfant roi et la bête à trois têtes

 
L’enfant est là, nous avons sorti les chiens
Elle a couru devant, derrière
Me racontant ses petites histoires
Mots d’enfants, en images, qui découvrent le monde.

Avant qu’elle ne s’endorme, c’est moi qui lui en aie conté une
Celle de Bêtatête qui ne voulait pas que Pitou *
L’enfant roi n’entre dans le petit bois
Mais le gamin étourdit, enchante la bête à trois têtes
De la caresse du soleil
Des embruns du grand océan
De la musique du vent
Alors tout éblou-blou, tout ébloui, le monstre le laisse aller le chemin.

J’aime ce qui se dit là, corps et esprit se parlant en couleurs, en parfums
Chant silencieux de la nature…
L’enfant s’endort paisiblement
Mais dans ce premier sommeil, elle s’agite.
 
« Les enfants se battent contre toutes les misères »*
Oui, dans le bruissement du vivant, une plainte infinie
Je l’entends…
Le parfum du grand océan pollué des massacres
Le souffle du vent gémissant des famines
La lumière du grand astre voilée de nos peurs
 
* Ron Uribe
* Le Petit Bois De Pitou, Une histoire de Jean-Pierre Idatte, illustrée par Miche Trublin


mardi 6 septembre 2022

Réconciliation

 
Nous nous étions un peu fâchés
Il a dit : « Bon, je rentre chez moi ! »
J’ai dit : « Ok »
 
J’ai entendu le portail grincer sur sa glissière
Puis…
Le voilà dans l’embrasure de la porte
Son visage rougi par la lumière filtrée du rideau
Rouge.
 
« Bon, alors, tu veux me dire au-revoir, ou pas ? »
Je le regarde, son cœur est serré par l’idée de partir
Sans que nous ayons signé la paix.
 
Je le regarde encore, il fait le fier
Celui qui n’en a rien à faire
Je lui souris.
 
Vite il entre, s’assoit sur la chaise
Au plus près, et le voilà en des explications
Compliquées, mais compliquées.
 
Je lui souris encore, il se tait
Se jette dans mes bras.
 
« Je t’aime petit. »



Eric Fan

samedi 3 septembre 2022

Petit enfant…

 
« Elle va plus penser à nous, ça fait combien de jours qu’elle est partie, hein ? »
L’enfant pense à sa cousine Emma qui a déménagé de l’autre côté des océans, une autre île, la Martinique que c’est pas La Réunion.
– Moins on les voit, plus on pense à ceux …
Ah non, il n’y a plus que moi qui pense à elle ! 
 
Il commence un coloriage, et le voilà qui se fâche :
Pourquoi je fais ça !
Mais tu n’es pas obligé de finir maintenant, tu peux le finir plus tard.
Tu crois ?
Ben, oui ! 
Ahhh le conditionnement dans la tête d’un petit de 5 ans, ce qui est autorisé ce qui ne l’est pas, et entre les deux un chemin où l’on est bien seul, et déjà coupable.
Il a lâché le dessin, a fait un petit tour, et le voilà qui s’y remet au coloriage.
Pourquoi tu fais ça ?
Je sais pas, j’ai pas envie pourtant.
Ben moi, je vais te le dire pourquoi. A l’école on n’arrête pas de te dire que ton travail tu dois le finir.
Ah oui, alors je vais le finir !
Tu n’es pas à l’école, ici tu fais si tu as envie de faire.
 
Un peu plus tard
Dis, mamie comment tu sais pour l’école ?
C’est toi qui l’a raconté quand vous êtes arrivés. Ce travail à finir pour pouvoir partir à l’heure des mamans.
Il a un petit sourire, cet enfant-là, règle tout avec un sourire.



Merci

mardi 30 août 2022

Un, deux, trois soleil, fais moi rêver

 
Petit Tom regarde avec insistance sa mère-grand : « Mamy, fais moi rêver ! »
« Mince alors, se dit la grand-mère, d’habitude ce sont les enfants qui inventent des histoires. »
Elle réfléchit un peu, peut être bien qu’il ne s’agit pas d’inventer, mais de raconter ?
« Oui, oui, raconte-moi quand tu étais petite ! »
Les voici, assis dans le grand sofa rouge, bien confortables dans les vieux coussins, et la voix grave, un peu rauque, raconte.
« J’étais petite comme toi, j’allais en vacances chez ma grand-mère, Mariette. Avec le papet, ils avaient une ferme, deux vaches, deux chevaux, un cochon, des poules, des canards, des lapins et des rats qui couraient le grenier, ah, il y avait aussi un chien.
Les chambres n’étaient pas chauffées et l’hiver il faisait bien froid, alors Mariette mettait dans le four de la cuisinière une brique qui devenait bouillante. Elle l’enveloppait de papier journal, et glissait le tout, entre les draps. Quand l’heure de se coucher venait, le lit était bien douillet, et longtemps les pieds gardaient le contact chaud.

Au petit matin frileux, comme il était difficile de sortir de cette couche, je regardais longtemps à travers la lune des volets le jour se lever.
la lune des volets ?
oui, dans les volets en bois, il y avait une ouverture en forme de croissant de lune.
tu mettais des couches ?
mais non, ballot, c’est un mot pour dire le lit. Pas l’objet, mais là où il fait si bon y être. »
Petit Tom sourit, et se pelotonne un peu plus encore, il aime, ces mots bizarres que mère-grand utilise comme des ustensiles de cuisine, il aime la chanson de sa voix qui monte et descend, agite comme la cuillère la soupe. Il rit : parfois même, des éclaboussures !
« Encore mamy ! 
ah, je commence à être fatiguée de parler ! »

 Petit Tom se serre encore un peu plus, alors ...
« Ma grand-mère Mariette, avait donc deux vaches, chacune avait un prénom, elle les aimait avec affection. Elle aimait tous les animaux, et pourtant, elle tuait le pigeon en l’étouffant dans ses mains. C’était curieux, ce n’était pas cruel, je crois bien qu’elle faisait cela avec amour.
Le matin, elle emmenait les vaches au prés, les rentrait le soir à l’étable où elles passaient la nuit. Bien sûr j’allais avec elle, et tout allait bien, sauf si nous rencontrions quelques voisins, je n’aimais pas les gens, je n’aimais pas dire bonjour. Mais ce qui était bien, c’est que Mariette ne m’embêtait pas avec ça, elle ne disait pas : Dis bonjour Michelle, dis bonjour ! Tu seras punie, Michelle !!!! ».
 Et les voilà, partis à rire sur le sofa rouge.
« Le soir, elle les trayait ses vaches, moi je m’installais dans le fond de l’étable sur le tas de foin, et je lisais, des livres interdits.
des livres interdits ?
oui… »
Les yeux plissés de rides, brillent de malice.
« Y’avait la voisine, Mme Bignon, qui lisait des romans feuilletons d’amour et qui les donnait à  grand-mère. On m’interdisait ce genre de lecture, mais Mariette me les filait en douce.
Ahhhh, comme il faisait bon dans l’étable, cette bonne odeur de foins mêlés, la chaleur des bêtes, le travail paisible de Mariette, la giclée de lait dans le seau en métal, le déplacement d’air dans le balancement des queues de vaches… »

Petit Tom, a fermé les yeux, non il ne s’est pas endormi, il est là-bas dans l’étable, Mariette, les vaches…
La giclée de lait, ne claque plus le vide du seau, elle rebondit dans la douceur blanchâtre qui mousse peu à peu. 


Velluet Louis Adolphe Alphonse