Le
fils a traversé le cirque de Mafate, sac au dos.
Il
est parti, malgré les interdits, les pluies avaient raviné les
versants, et risquaient encore de s’abattre en de violents orages.
Tu
as dit à ton retour, lorsque je te faisais remarquer qu’on ne
défie pas sans risque la nature, qu’à chaque passage difficile tu
avais demandé l’autorisation à ces forces que tu perçois si
bien.
Ainsi
tout est à sa juste place, tu vas vers ton autonomie.
Il a
ramené quelques belles photos, paysages de brumes, de cascades en
gorges effilées, clarté limpide du petit matin où ombre et lumière
s’opposent pour le plus beau mariage.
Aussi,
instantanés de cette fraternité qui rapproche les hommes, tu n’es
pas un solitaire, tu aimes dans cette simplicité. Alors photos de
rougail, de feu de bois, de rencontres… les oiseaux, les vaches
libres de cet espace clos, les plantes…
Il
a ramené aussi quelques désillusions, le silence envahi par le
bruit des hélicoptères, les mafatais devenus exploiteurs de
touristes.
Ainsi
les derniers jours, vous n’aviez plus qu’une somme modique, et
plus rien à manger, à la table d’hôte vous avez demandé s’il
était possible de vous préparer quelque chose à manger pour ce
montant là. Hé bien, non, cela ne le fut pas, menu fixe, prix fixe,
la dame ne dérogea pas de sa logique financière et vous laissa
partir ventre vide, à chacun son destin !
Pourtant
dans la descente du col du Taïbit, un homme dans sa guitoune vous
offrit le thé, et l’abri alors que la pluie avait pénétré
jusqu’aux os, là où il fait froid du dehors et du dedans.
Les
lieux clos, ne sont pas propices au développement de l’humanité,
mais ils ne sont perdition que pour les hommes qui ignorent que tout
est lié.
La
nature ne sait pas se fermer sur elle-même, elle ne produit pas
d’image de soi, rien que de l’échange, et en son sein, le
sauvage, libre de tout attache.
La
plus belle rencontre que tu me racontas, celle de cet homme
solitaire, caché derrière les songes…prudent l’animal, curieux
aussi.
Direct
tu l’interpellas en créole, que faisait-il là ?
Il
pêchait l’anguille, et il partagea un peu de son mystère,
celui-là vit en dehors des villages, ermite dans un monde si vaste.
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