Ce matin je me suis égarée, 6 à 7 km inutiles. Me voici à Sahagun devant une bière. Que faire, continuer, s’arrêter là ? Prendre
le train jusqu’à Léon ? Aller planter la tente dans un coin ?
Réconciliation ?
Pour le moment ne prend aucune décision. Va voir si la
basilique est ouverte.
La tristesse se transforme peu à peu en mauvaise humeur. Je bouge ! Inutile de rester ici si c’est pour faire la gueule. Je reprends la route la hargne au cœur. Aujourd’hui j’aurai fait plus de 30 km. Allons mon amie ne reste pas si terre à terre, finalement c’était sympa cette histoire sans fin, décolle ton nez de ce qui ne sera bientôt plus qu’un caca.
J’avais dit, j’essayerai d’aller jusqu’à Berciano Del Real Camino, là "notre pèlerin" avait campé.
Ici, il y a deux itinéraires et je me suis peu à peu persuadée que
je m’étais trompée, que je n’étais pas sur celui qui passe à Berciano.
Quelle
importance ? Ah, je ne sais pas, à cause des indications envoyées par
maman, je les consulte chaque jour. L’aventure rend vulnérable, et me
voici accrochée à ces annotations sur papier décalque. Je pourrais
encore gamberger comme je sais si bien le faire sur le pourquoi et le
comment, mais là je renonce.
J’arrive en un village, dont je ne vois pas le nom, tout est étrange en ces murs.
Je
demande : « Dondé es el albergue », ces mots me conduisent d’habitude à
la porte du refuge où je retrouve les compagnons. Il me faut là
interroger 4 personnes pour finir par aller frapper à une porte. A
nouveau embarras, mais la petite dame finit par m’accompagner et
m’ouvrir la porte de l’albergue.
Ah là là tout en chantier et un
chantier sale. Au 1er étage, je trouve un coin où je peux installer mon
tapis.
La fatigue, les douleurs, la tristesse, la colère, un raz de
marrée, un sanglot, une fin du monde, puis un lâcher prise, je
m’endors dans les rugissements du vent.
Des
bruits me réveillent, il y a du monde là dedans. Les travaux vont bon
train, un samedi passé 18 heures. Les ouvriers n’en reviennent pas me
voyant débouler, ils me disent que je ne peux pas rester ici, je
comprends qu’il me propose d’aller ailleurs.
Je ne veux pas aller ailleurs, je veux rester ici.
Je
suis retournée jusqu’à l’entrée du village pour me laver à la fontaine
et repérer le chemin pour demain. Je suis passée par la rue Rita et la
rue Léon, j’ai rencontré un berger avec son troupeau.
Maintenant
je sais que je ne me suis pas perdue ! Là, le nom du village, je suis
bien à Berciano Del Real Camino. Peu à peu, je découvre tous les détails
notés, c’est comme un jeu de piste, chaque découverte me
redonnant consistance, confiance.
Alors, enfin apaisée et
tellement fatiguée, je m’en vais me coucher en cet endroit si
particulier, comme si dormir là, participait de quelque chose dont
j’ignore tout.
Le
vent mugit dans la plaine, pénètre dans la pièce, fait vibrer la vitre,
la solitude est grande, totale, plus rien n’y échappe, je dors
profondément.

je crois ressentir avec vous
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