Comment
avez-vous pu tuer cet animal si beau
Si
sauvage, parfaitement inclus dans le tissage du vivant ?
Comment
avez-vous pu rendre à l'esclavage, à l'élevage
Ces
animaux tellement sauvages, libres avant vous ?
Ces actes odieux, témoins de la déconnexion
De
l'esprit humain qui n'ose plus rien.
Quelle
est cette marque qui vous marque ainsi
Cette
faiblesse de l'âme
Que
peut-être vous l'avez perdu...
« Nous avons perdu la félicité indistincte qu'on voit aux bêtes, aux poissons enchâssés dans l'eau cristalline, aux bêtes des bois couleur de feuilles mortes, aux oiseaux ivres d'air. Nous sommes devenus pensifs et, partant, étrangers, frêles, frileux, vulnérables. Il nous faut une table, un toit, du feu, une maison. Nous nous souvenons parfois d'avoir été au monde pleinement, sans états d'âme, d'un très lointain commencement. Je rêve, pour finir, d'une lande ouverte à tous les vents où l'on verrait ce qu'il en est de nous et de tout et d'y être, avant d'avoir été.
Pierre Bergounioux