Cette
représentation, que nous avons, d'ancêtres nomades dans une
existence quotidienne si difficile du fait de ne pas stocker, ni
cultiver, ni construire des abris solides, n'est-elle pas induite par
notre propre peur de manquer et encore comme une justification à
notre modernité au final dépravée, génératrice de tant d'inégalité ?
D'abord
étaient-ils vraiment des nomades ou bien vivaient-ils comme tous les
animaux sur des territoires assez vastes où ils se déplaçaient au
gré des saisons, permettant ainsi la régénération de leur milieu
de vie ? Mais alors c'est cela être nomade, être en accord
avec son milieu de vie !
Pourquoi ceux-là auraient été plus démunis que les
animaux qui dans leur diversité forment avec les plantes, l'eau, et
tous les éléments naturels, des écosystèmes qui ne cessent de
changer et de se régénérer ?
Ou alors, il faut imaginer que d'un
coup en l'homme serait apparu l'idée de... l'idée de demain, l'idée
de la maladie, de la vieillesse, de la mort, l'idée et la peur
stérile.
D'un
coup comme ça !
Comme
une maladie ou une fulgurante mutation génétique...
De
grands cataclysmes les ont-ils mis dans l'obligation de partir en
quête de nouveaux lieux de vie, ont-il fui quelque chose ? Alors
partir d'une manière délibérée, sans choix mais décidée.
Cette
migration ne devrait pas nous leurrer, l'aventure de l'homme est une
aventure cérébrale, un mental qui se développe dans tellement
d'aléas, tellement de possibilités et de limitations.
Lorsque
l'on plonge dans la profondeur du "temps" qui est
évolution, il n'y a pas d'espèces végétales, animales, humaines,
terrestres, lunaires, solaires, toutes les frontières s’effacent.
La
pensée n'appartient ni à un individu, ni à une espèce, "cela" pense, "cela" accomplit des calculs incessants.
La
question : « Qui suis-je ? » prend fin ici.
Elle
se repose aussitôt que l'esprit se retourne en lui.
Le
Nomade de Jaume Plensa... Antibes