« Mon
père, pardonnez-moi parce que j’ai beaucoup péché. »
De
l’autre côté de l’isoloir, elle savait l’homme jeune et beau
qui écoutait. Il y avait peu qu’il était arrivé celui-là, et le
dimanche à la messe les belles venaient rien que pour le voir, elle
les avait remarquées.
Comme
d’hab elle s’accusa de ce qui, à la maison, faisait des drames
depuis la plus tendre enfance, en ces mots familiers : elle
avait "piquer de la nourriture". Même qu’elle se
souvenait de cette chose incroyable, de la mère quittant un moment
la maison pour une course, et qui ce jour là, avait…
Oui,
elle avait montré à l’enfant la tapette à souris, comment cela
se déclenchait, que les doigts si menus seraient coincés dedans ce
piège, si la voleuse venait à lever le couvercle de la boîte à
pain pour commettre quelques larcins de cette pâte dorée et
croustillante. La tapette à souris fut placée là.
Incrédule
et silencieuse l’enfant avait suivi du regard la démonstration de
la mère, se disant : « Ce n’est pas possible, elle ne
peut pas vouloir cela… »
Et
puis, elle n’avait jamais cessé de flirter avec le mal, et
régulièrement se laissait aller à quelques péchés de
gourmandises. Soulever le couvercle du pot de crème fraîche et
caresser du doigt, ou encore quelques pincées de gruyère râpé
dans son emballage de papier... Venait toujours ce moment, où le
penchant l’emportait, et ainsi mettait en évidence sa forfaiture,
et les cris de la mère.
De
l’autre côté de l’isoloir, un rire moqueur : « Mais
ce n’est pas un péché que de manger quand on a faim ! »
Elle
se trouva un peu vexée devant l’évidence de sa naïveté, celle
que l’on concède par peur. Mais, en même temps, libérée du
jugement de ses aînés.
Elle
rentra, et déclara fièrement que l’abbé avait dit que … Elle
prit réjouissance devant la mine déconfite des parents.
Voilà
que leur bon dieu, les rappelait à l’ordre !