Il
y a bien longtemps, ourse j’étais. Une grande femelle, lourde et
habile, à la fourrure douce comme les marrons sortis de la coque
brune.
Je
le sais… pour tout ce que j’aime.
Cette
vie solitaire entre rencontre et maternité, tout dans l’absolu du
service à la vie.
Le
temps consacré aux petits, et rien d’autre que cette tâche à les
faire grandir. Après quoi, les laisser partir, et même les chasser
de mon territoire.
Le
temps consacré au mâle, en résonances puissantes, en appels
sourds, furtivement humer son parfum, et décider de celui-ci, parmi
tous les autres. Après quoi le laisser partir, et même le chasser.
Et
pour lien dans ce tempo duel, libres, sauvages, mes pas.
Qui
sait que le pied qui se pose, respire la terre ?
Qui
sait, que chaque poil, respire au loin, des terres vierges ?
Je
le sais, viscéralement.
Quand
une autre fois, je me suis vue naître dans cette peau nue et rose,
ne trouvant rien des odeurs de ma montagne/forêt, cela fut un tel
tremblement que j’enfouis tous ces souvenirs dans la chair de ma
chair.
Et
voilà, que la voix me parle à nouveau, de mes terres natales, là
dans le ventre, qui ne fut que l’antre d’un long hivernage.