Le fils

 

J'étais allongée sur le canapé
Terre de feu, tout contre
Tu es entré...

Hé, petite mère, ça va ?
Tu étais si doux
Cette douceur que tu gardes
Au fond de toi, pour les grands moments
Où plus rien ne triche
Plus rien ne fait barrage
Plus rien ne vient dévier
Récupérer.

Ça va ?
J'ai vu ce petit garçon que tu as été
Ce jour à Courbevoie, devant la salle d'activités
« Je t'aime quand tu es comme ça »

Je t'ai parlé

Je t'ai parlé toute la nuit, pas celle-ci mais celle d'avant
Ni je dormais, ni je ne dormais pas, je te parlais
Je te disais que le lâcher prise n'est pas du laisser-aller
Que pleurer, ok, un peu...
Et puis Voir...


Non tu n'es pas tombé, tu es bien debout
Juste fatigué, et la fatigue est mauvaise conseillère
Alors dormir, le sommeil répare tout 
S'il n'est pas médicalisé il efface l'ardoise
Le temps qu'il faut pour cela ?


Si tu passes ta journée à crayonner ton ardoise, ne rien finir
Alors la nuit ni suffira pas !
Mais si tout le long du jour, tu es en conscience
Et la conscience est bien "Attention" à chacun de tes gestes
De tes mots, ton cerveau ouvert à l'infini...


Je t'ai parlé toute la nuit pour te dire cela et bien d'autres choses
Encore, à toi fils, te dire que tout est expérience à traverser
Qu'il ne faut rien attendre, ni punition, ni récompense
Oui, le système est pourri, jusqu'à la moelle
Ne rien attendre, ne plus être sous influence.


Je te disais aussi que la peur est un manque de curiosité
Que la curiosité c'est s'ouvrir à l'inconnu
Mourir au connu, naître et mourir, traverser encore
Non ! Il n'y a pas de méthode !
Pour celui qui n'est plus sous-influence.


Entendre, écouter, la voix en toi
Ton guide, ta présence au vivant, tu Vis. 

Little boy talking to the locomotive crew, Waterloo Station, 1924