L'esprit
est accaparé par une vie sociale pleine d'activités de toutes
sortes, de celles que l'on ne choisit pas, qui s'imposent par "des
choix" qu'on n'a pas même conscience de faire, d'avoir fait ;
l'esprit appartient alors à toutes ces activités. Elles portent des
étiquettes : famille, amis, travail, engagements, elles portent
aussi des attributs : important, sérieux, indispensable,
vitale, etc.
Il
n'y a donc aucune liberté, mais réassurance de son existence, de
son importance, de sa réalité, de son influence.
Il
n'y a donc aucune liberté, parce que la liberté est effrayante pour
l'esprit nourri de toutes ces habitudes, ces répétitions, et la
nourriture est aussi celle que le corps ingurgite. Quelqu'un parlait
de la mal bouffe, de son impossibilité de se passer de ces aliments
qu'elle sait être mauvais et pour sa santé, et pour la santé de la
planète et pour les animaux, elle parlait de drogue. "Comme une
drogue", disait-elle. C'est bien ça !
Nous
nous en plaignons mais nous ne cessons d'être en quête de nos
drogues, sous quelques formes que ce soit. Je dis "Nous",
il y en a bien quelques uns qui tentent l'échappée belle, des
aventuriers, des chercheurs véritables, pas de vendeurs de recettes
! Non ceux-là (les vendeurs de recettes) se sont hissés sur le
dessus du panier, et suprême récompense, distribuent les bons
points et les paires de claques, ils jouent avec les sentiments des
autres, ce qui leur permet de ne pas avoir à jouer avec les leurs.
Un coup ils sont-là, un coup ils ne le sont plus. C'est le drame.
La
bonne nouvelle ? Si, si, il y a une bonne nouvelle, chaque
esprit est seul à pouvoir se libérer, enfin si cela est son destin,
son désir, son intention profonde, de chaque seconde.
La
bonne nouvelle ? C'est que ce n'est pas intellectuel, pas
seulement, parce que cela fait appel à l'être dans son entièreté
dans cette condition présente d'incarnation. Il y a la chaleur des
sensations, l'intensité des vibrations, l'élargissement de
conscience, qui fait que l'on est seul sans se sentir isolé, en
manque, perdu. Plus on est seul, plus on descend profondément, là
où personne d'autre que nous peut aller, en ces terres inconnues, où
les formes se défont, sans assurance, mais en claire conscience.
Il
n'y a pas de réalité à l'obscurité, elle ne s'oppose pas à la
lumière, elles sont deux pour se marier, et se marier s'est bien se
séparer. Plus moyen de se raconter des histoires.