Du
fond de mon bois
Combien
de fois devant l’adversité des relations humaines, me suis-je
recoquillée, enfoncée au fond de mon bois ?
Ça
a commencé toute petite, regarder les humains, éberluée, témoin
silencieux de ce monde sans amour.
Cela
ne faisait pas la plainte, ni l’attente, juste le constat…
Ils
ne savent pas l’amour et pourtant, en parler autant.
On
lui raconta cette histoire du Jésus
Ah,
celui-là parlait d’un autre ventre
Il
accomplissait
Franchissait
les barrières
Il
passait, et elle marchait avec lui
Depuis
toujours.
Et
puis, ce jour…
Nous
étions un groupe d’enfants
Six
ou sept ans
Venant
toutes les semaines dans cette maison
Me
souvient vaguement de cette femme
Qui
nous faisait le catéchisme
Elle
dit cela comme s’il ne se passait rien de spécial
Juste
faire la morale.
"Il
est mort, en croix, pour nous"
Un
pan entier s’effondra dans le silence
Sans
une larme, sans un cri
Ils
avaient tué le Jésus, l’ami, le beau !
Ce
qui a été cassé ce jour-là de la mort du Jésus ?
Le
dialogue intime que l'enfant produisait avec celui-là, le seul avec
qui elle eut envie de parler, et cela était bien marcher avec lui.
Couper
en elle, couper la source, couper le flux vivant.
Tout
un chemin, pour retrouver ce qui n'appartient à aucun, cette
conversation avec le monde qui nous fait, que chacun de nous est
unique au plus profond et ne rencontre l'autre qu'au prix de sa
propre reconnexion.
C'est
dans cet échange silencieux en soi, et certains le mettent en mots,
d'autres en musique, ou en couleurs, jeux d'ombres et de lumières,
d'autres encore ne font rien de tout cela, mais qu'importe, tous
produisent du rêve pour les enfants à venir.