lundi 10 août 2015

Présence et résonance (18)

Un cri long et déchirant dans la nuit, un cri qui vient de ce bois qui l'a repoussée hier soir sur le chemin. Elle ne reconnaît rien de cette plainte qui la tient éveillée, attentive au moindre souffle au-delà de la toile de la tente, mais l'inconnu est en elle maintenant au creux de son ventre. Étrangeté, ce dont on se sépare, par instinct peut-être... Mais alors où trouver la sécurité ?
Il n'y en a pas, elle le sait. Tout ce à quoi l'esprit s'accroche vient un jour à manquer, à se révéler sous un autre visage, le sourire devient grimace, à tel point qu'on peut penser que sous le sourire, bien avant le sourire, la grimace.

La marche est difficile, elle s'arrête aux abords d'un château. Il est habité, l’entrée du parc est signalée par diverses interdictions et menaces, dont celle d’un chien méchant qui monte la garde. Les chiens, en voilà un sujet d’inquiétude. Avant même que le danger soit, l’idée de ce qui pourrait se passer. Il y a quelques jours une véritable panique, alors qu’un boxer s’acharnait sur la clôture pour la rejoindre.
Elle ressassait cet événement assise sur une roche lorsqu'elle voit deux grands chiens surgir au bout de la route, ils ne font qu'un dans leur course vers elle. Elle a bondi sur ses deux pieds, elle en aurait eu quatre qu'elle bondissait sur les quatre, sans pieds elle aurait quand même bondi. Les bêtes se sont jetées sur elle… ardentes de tendresse, joyeuses, joyeuses. De boue et de baveuses léchouilles elles ont sali les mollets et le caleçon tout propre.
« Regarde la grimace qui se transforme en sourire. Les propriétaires du château ont bien mal choisi leurs molosses ! ». Elle ne voit pas, se renfrogne de plus en plus, maudissant le temps perdu à trouver une solution pour se débarrasser des deux chiennes.

Elle reconnaît Châtre en franchissant le pont de la ville basse sans se souvenir de l’époque où elle y serait venue. Visite du musée de George Sand, les pieds nus. Elle est seule à déambuler en ce lieu. Le carrelage est si froid qu’il faut rechausser. Quelques achats, puis elle file vers le camping où elle pourra passer la nuit et laver le linge.

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