Sauveterre
de Béarn, la pluie a cessé, l'air est frais. Une rue étroite,
déserte, les maisons en enfilade, les pas résonnent. Par une
fenêtre ouverte une musique prend son envol, l'onde rebondit de mur
en mur, voyage...
Elle
pousse la porte d'un café, la salle est grande, pleine de gens de
tout âge, ils sont tous là dans un brouhaha coloré. Dans un coin
elle s'assoit, personne ne semble remarquer son entrée pourtant elle
est vite servie. Le plus haut niveau de l'accueil, celui qui ne
dérange rien. Elle a bu son café, elle traverse la salle dans le
même silence des conversations animées et joyeuses, un vieil homme
se lève, vient à sa rencontre, il lui prend la main, la garde
longtemps, lui demande s'il peut l'embrasser... Elle s'affole, un
peu, comme un petit oiseau, alors il lui sourit : « Ce
sera pour une autre fois. » Autour rien ne bouge.
Il
pleut à nouveau. Elle cherche la chambre réservée aux pèlerins,
la nuit à 100Frs, à ce prix-là elle cherche un hôtel modeste.
Et voilà, l’hostellerie du château, un immeuble classé, entre
vieilles pierres et lierres.
Il
y a l’arrivée sous la pluie battante, l’hésitation devant la
porte, et… Elle a compris tout de suite, silencieuse elle conduit
la pérégrina jusqu’à la chambre. Un hall si vaste, des
guéridons, des marbres, un escalier majestueux... Toute dégoulinante
elle voudrait se déchausser, ne pas salir le tapis fleuri, mais la
femme file devant sans laisser le temps. La chambre sent bon la cire
et le parquet craque sous chaque pas. Deux grands lits près d’une
belle armoire, et les volets restent clos, dit la dame. C’est bien,
tout est bien.
Elle demande si elle souhaite dîner. Oui, tout est oui. Dehors la pluie, dehors le froid, dedans tout est paisible, hors du temps.
Elle demande si elle souhaite dîner. Oui, tout est oui. Dehors la pluie, dehors le froid, dedans tout est paisible, hors du temps.
La serveuse l’installe face au bar, la table est bancale, dans un vase du jasmin. Des clients se dirigent vers une salle qui doit être celle du restaurant. Derrière la fenêtre, une terrasse battue de bourrasques. Le parfum envoûtant du jasmin, la saveur des mets, la robe du vin, les va et vient de chacun, les arbres qui s’égouttent, la nuit tombant… elle est de toutes ces trajectoires. Survient une éclaircie, la terrasse étincelle un instant, la lumière pénètre la maison.
Dans
ce décor suranné, au bout de ce jour si particulier, se réalise ce
qui était promis.
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