Dans
ce parcours et ce que j'en comprends (c'est forcément subjectif,
mais nous ne pouvons que l'illusion), il y a des portes, des passages
vers d'autres « niveaux de conscience » ou encore
d'autres états d'être.
Il
n'y a pas d'état permanent, je n'en connais pas, un moment y être,
un moment n'y être pas.
Une
progression ? Je ne dirai pas ça, je vois le vivant en tout
point, en tout temps, en toutes conditions, dans un état de
perfection. Quant à ma personne, elle va bientôt disparaître, cela
s'appelle mourir. Pourtant ce qui était difficile, au bout
de... tant d'efforts, d'émotions, laisse une trace dans
le corps/esprit. Si bien qu'après plusieurs passages, il suffit
d'un instant pour y être. On sait ce que l'on vient chercher là, on le
trouve, on s'en nourrit, et quelque chose d'autre s'accomplit.
Plusieurs
portes, c'est mon expérience.
Hier,
la "porte du désespoir", ce mot m'a été soufflé, et finalement il
est juste. Il parle bien de la première expérience de ce que l'ami
nomme « le lieu sans pitié ».
Elle
avait été envoyée en colonie, elle avait une dizaines d'année,
cela se passait mal. La maison, les parents lui manquaient et
l'endroit était sinistre. Tout lui était hostile, à un point !
C'est qu'elle vit tout intensément. Elle avait même été accusée
d'un vol qu'elle n'avait pas commis. Donc, elle était là, dans une
souffrance tue, et chose incroyable ne s'en défendant pas, elle
avait décidé (croyait-elle) de ne pas se plaindre dans ses
courriers aux parents. N'appelant pas au secours, ne demandant pas
d'aide, elle faisait face à cette situation, tout devenait immobile
en elle. Et puis d'un coup, après des jours et des jours de cette
tension, un basculement. Le temps n'existait plus, elle était là,
elle y avait toujours été, y resterait à tout jamais.
Ce n'est pas qu'elle avait perdu la raison, elle savait que le jour
de rentrer à la maison viendrait, mais à un autre niveau, tout
aussi déterminant, plus déterminant que ce que la raison aurait pu
argumenter, elle était là, au-delà du temps, de la désespérance,
sans attente, sans peur.
Cet état de conscience est d'une clarté
incomparable, l'esprit y est vif et tranchant, en des compétences
nouvelles, tout ce qu'il touche il le rend clair, évident, sans
l'ombre d'un doute. Position du témoin, qui voit toutes les
ficelles, qui voit venir, alors le geste précis. La question de
l'illusion, de la subjectivité, n'a pas sa place en ce lieu parce
qu'il y a action.
Hier la "porte du désespoir", sans le désespoir.
Heureux les "désespérés"...
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