Elle
s'était absentée d'une manière inaccoutumée, elle rentrait le pas
léger, il était là dans l'ombre du couloir.
A
la place du cœur, un trou noir en lui, elle lui souriait, rien y
faisait. Il finit par laisser tomber quelques mots : « J'ai
cru que tu étais partie ! Partie avec le petit. » Elle
éclata de rire, quelle drôle d'idée ! Si loin d'elle cette
idée, c'est qu'elle croyait que la vie pouvait être belle et
qu'elle savait qu'elle ne ferait rien pour la rendre laide. Mais
aussi elle sentit combien en lui cela était sérieux, une profonde
blessure, alors elle le prit dans ses bras, le réconforta, il finit
par se détendre après un long moment.
Elle
croyait vraiment que la vie pouvait être belle, que tous les deux
ils la feraient ainsi. Sa croyance fut mise à rude épreuve, et lui
qui avait eu peur qu'elle ait quitté, quitta trois pas plus loin, il
quitta après tant de souffrances éprouvées l'un à l'autre, l'un
contre l'autre. Combien de fois avait-elle couru la ville à sa
recherche ? Il partait acheter son paquet de clopes, il ne
revenait qu'au petit matin, puis quelques jours plus tard... Si bien
que quand il partit pour de bon, ayant dit qu'il le faisait, elle
éprouva un profond soulagement, elle ne le chercherait plus, ne
l'attendrait plus.
Elle
croyait que la vie pouvait être belle, et la vie fut si difficile,
si dangereusement difficile... La croyance a fini par céder, elle
n'a plus cru en rien, et finalement cette chose incroyable : la
vie (naître et mourir, elle l'a compris, naître et mourir à chaque
instant, naître et mourir en même temps), elle vit combien la vie
est belle. De cette beauté indescriptible qui vous soulève le cœur,
et fait battre les mains, ailes de papillons au sortir de la
chrysalide. D'une beauté que rien ne peut déranger.
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