Elle
a dit : « J’essayerai d’aller jusqu’à
Berciano Del Real Camino ». Il y a deux itinéraires pour
rejoindre Léon, peu à peu elle s'est persuadée qu'elle s'était
trompée, qu'elle n'est pas sur celui qui passe à Berciano. Quelle
importance ? Elle ne sait pas, mais c'est important.
Elle arrive dans un village, aucune inscription concernant le nom, tout est étrange en ces murs. Elle demande : « Dondé es el albergue », ces mots qui la conduisent d’habitude à la porte du refuge où elle retrouve les compagnons d'un soir. Il lui faut interroger quatre personnes pour finir par aller frapper à une porte. Là à nouveau embarras, mais la petite dame finit par l’accompagner et lui ouvrir la porte de l’albergue. Un chantier, un chantier sale, au 1er étage elle trouve un coin pour y installer le tapis. La fatigue, les douleurs, les émotions, un raz de marée, un sanglot, une fin du monde, un lâcher prise, elle s’endort dans les rugissements du vent.
Des
bruits la réveillent, il y a du monde là-dedans. Les travaux vont
bon train, un samedi passé 18 heures. Les ouvriers n’en reviennent
pas la voyant débouler, ils lui disent qu'elle ne peux pas rester
ici, elle comprend qu’ils proposent d’aller ailleurs. Elle ne
veut pas aller ailleurs, elle veut rester ici.
Elle
est retournée jusqu’à l’entrée du village pour se laver à la
fontaine et repérer le chemin pour demain. Elle a rencontré un
berger avec son troupeau. Maintenant elle sait qu'elle n'est pas
perdue, là, le nom du village, elle est bien à Berciano Del Real
Camino.
Apaisée,
elle va se coucher dans cet endroit si particulier, dormir ici
participe de quelque chose... Le vent mugit dans la plaine, pénètre
dans la pièce, vibre la vitre, la solitude est grande, totale, rien
n’y échappe.