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mercredi 9 septembre 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (12)

 

« Viens je vais te montrer mon arbre »


Te voilà, à tracer devant, dans ce fouillis d’arbres où les branches forment troncs.

Ce bois je le connais, il y a un endroit où passer, que les autres conduisent à des fossés où s’entrelacent les rochers, bien trop haut pour tes petites jambes et pour les miennes qui s’ankylosent de douleurs.

Alors tu râles, il te faut rebrousser chemin.

Nous y arrivons, enfin !

J’ai dis mon arbre, ce n’est pas qu’il m’appartienne, mais entre nous quelque chose s’échange … Un jour que je passais là, c’est comme s’il m’avait fait signe, entre ses racines une place pour s’asseoir, juste ce qu’il faut. C’est toujours le matin, le soleil perce juste en face l’épaisse verdure.

Cryptomerias, au tronc rugueux, élancé, la tête hors de la touffe, je m’installe le dos tout contre toi, et la paix descend, les pensées s’absentent…

Petite Sarah s’y pose un instant et déjà la voilà repartie !


Fred Lamy

mardi 8 septembre 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (11)

 

Petite conversation


Il parle de son autre mamie, il s'inquiète pour elle :

- Tu sais elle a peur, elle a peur d'aller à l’hôpital, peur d'entrer dans les cimentières, elle a peur de mourir.

- Ben elle est croyante, elle a juste à s'en remettre en son dieu.

- C'est qu'elle a peur d'aller en enfer !

- Ah, j'avais oublié ça,  mais oui tu as raison, ils ont peur du jugement dernier.

- Même qu'à l'école les enfants disent que si tu marches à reculons, tu marches avec le diable.

- Oh ?

- Oui, je suis bien content de pas croire en dieu !


Anatoly Kozelsky

lundi 7 septembre 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (10)

 

Et l'école ! L'enfant de la mer 


Il commence un coloriage, et le voilà qui se fâche :

-  Pourquoi je fais ça !

- Mais tu n’es pas obligé de finir maintenant, tu peux le finir plus tard.

- Tu crois ?

- Ben, oui ! 


Ahhh le conditionnement dans la tête d’un petit de 5 ans, ce qui est autorisé ce qui ne l’est pas, et entre les deux un chemin où l’on est bien seul, et déjà coupable.

Il a lâché le dessin, a fait un petit tour, et le voilà qui s’y remet au coloriage.


Pourquoi tu fais ça ?

- Je sais pas, j’ai pas envie pourtant.

- Ben moi, je vais te le dire pourquoi. A l’école on n’arrête pas de te dire que ton travail tu dois le finir.

- Ah oui, alors je vais le finir !

- Tu n’es pas à l’école, ici tu fais si tu as envie de faire ! 

 

Un peu plus tard

- Dis, mamie comment tu sais pour l’école ?

- C’est toi qui l’a raconté quand vous êtes arrivés. Ce travail à finir pour pouvoir partir à l’heure des mamans.

Il a un petit sourire, cet enfant-là, règle tout avec un sourire.





dimanche 6 septembre 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (9)

 

Petit enfant, enfant de la mer 


« Elle va plus penser à nous, ça fait combien de jours qu’elle est partie, hein ? »

L’enfant pense à sa cousine Emma qui a déménagé de l’autre côté des océans, une autre île, la Martinique que c’est pas La Réunion.

- Moins on les voit, plus on pense à ceux …

- Ah non, il n’y a plus que moi qui pense à elle ! 



mercredi 2 septembre 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (8)

 

Les deux saisons


« Quand l’hiver et l’été se touchent… »

Il dit cela avec tant de conviction

Et il aime quand l’hiver et l’été se touchent

- Et pourquoi mon enfant ?

 

« Parce qu’il ne fait ni trop chaud, ni trop froid »

 

Voilà, une belle définition, des saisons intermédiaires

Sous les tropiques.



Photo personnelle

dimanche 23 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (7)

 

Jouer au jeu de l'amour


La nuit s’installe peu à peu

Il joue, les figurines en plastique

S’entrechoquent violemment

Avec sa bouche il fait du bruit

Beaucoup de bruit.

 

 "Si tu jouais au jeu de l’amour

Tu aurais moins peur, tu sais… "

 

Il arrête un instant de manier

Ses bonhommes monstrueux.

 

"Je suis le plus fort, je les bats tous !

Me répond-il d’un air décidé

Je suis le super héros ! "

 

"Ah... et le super héros

Pourquoi ne joue-t-il pas au jeu de l’amour

Puisqu’il ne risque rien ?"



mercredi 19 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (6)


 Magie de la rencontre 


L’enfant, les yeux au plafond

Souriait, babillait, il riait aux éclats

Absorbé dans une vision

Connecté à un jeu d’ombres et de lumières

Une présence peut être…

 

Lorsque je l’ai pris dans mes bras

Il a lâché la tétine

M’a regardée…

Son regard n’accrochait rien

Transparence de l’enveloppe

Tout son petit être émerveillé

Resplendissait.



jeudi 13 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (5)

 

L'enfant derrière le rideau baissé


Cela boude, et ne sait plus pourquoi

Que le monde est si imparfait

Là, où se disent les choses !

 

Mais, en vérité, rien ne se dit

De ce qui Est

Saute grenouille, tout est là déjà.





mardi 11 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (4)

 

L'enfant roi et la bête à trois têtes


L’enfant est là, nous avons sorti les chiens

Elle a couru devant, derrière

Me racontant ses petites histoires

Mots d’enfants, en images, qui découvrent le monde

Avant qu’elle ne s’endorme, c’est moi qui lui en aie conté une.


Celle de Bêtatête qui ne voulait pas que Pitou *

L’enfant roi n’entre dans le petit bois

Mais le gamin étourdit, enchante la bête à trois têtes

De la caresse du soleil

Des embruns du grand océan

De la musique du vent

Alors tout éblou-blou, tout ébloui, le monstre le laisse aller le chemin.


J’aime ce qui se dit là, corps et esprit se parlant en couleurs, en parfums

Chant silencieux de la nature…

L’enfant s’endort paisiblement

Mais dans ce premier sommeil, elle s’agite.

 

« Les enfants se battent contre toutes les misères »*

Oui, dans le bruissement du vivant, une plainte infinie

Je l’entends…

Le parfum du grand océan pollué des massacres

Le souffle du vent gémissant des famines

La lumière du grand astre voilée de nos peurs

 

* Ron Uribe

* Le Petit Bois De Pitou, Une histoire de Jean-Pierre Idatte, illustrée par Miche Trublin


Déjà publié ici 


Le petit bois de Pitou

dimanche 9 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (3)

 

Ensemble


L’enfant, il a 4 ans, joue avec ses petites voitures alors qu'à la radio passe la chanson, Les cœurs tendres de Jacques Brel. Tous deux dans la même pièce, chacun occupé de son côté.

« Moi, mon cœur il est moitié ange et moitié homme. Et toi ? »

Ben, déjà interloquée, il écoute sans en avoir l’air, il sait profondément.

Je lui réponds : « Mon cœur n’est pas toujours pareil, parfois  il est tellement ouvert qu’il semble grand comme le ciel, et d’autre fois il est comme un tout petit caillou et il pleure.

-Moi, qu’il reprend, des fois il est ange, des fois il est homme et des fois il est les deux. »


HérithierWatanabe



vendredi 7 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants (2)

 

La dispute


Ils jouent, et puis un mot de trop ou je ne sais quoi, Max fort en colère :

« Je ne suis plus ton cousin ! ».

La petite n’en revient pas, je sens son cœur qui se serre, c’est que depuis trois jours elle les attendait les retrouvailles avec le cousin. Elle a de la fierté, dissimule son chagrin et lui rétorque : « Et bien moi aussi suis plus ton cousin ! »

Il la reprend : « T’es pas mon cousin, ma cousine… »

Cela finit dans les jupons de la grand-mère …



Oui, je me souviens, à la primaire ces filles qui se disputaient et disaient : « T’es plus ma copine jusqu’à Noël ! » Je trouvais ça tellement idiot, plus tard découvrir que l’on pouvait s’aimer et ne plus s’aimer, faire des enfants et s’en aller perdu dans sa désespérance, ça j’ai encore moins compris. Bon ceux-là n’ont que trois et quatre ans.

Je leur dis que quand on aime c’est pour la vie et que même… Au fond de moi, ça trésaille : « Qu’es-tu entrain de leur dire là, que s’ils ne rencontrent pas ça en l’autre, ils seront toujours en quête, en souffrance, c’est bien la même chose ! » Idéalisme ? Non, c’est ainsi que j’aime au-delà du besoin de l’autre, que c’est si troublant quand quelque chose vient répondre…

Je poursuis…, Max plante son regard noir au plus profond :

« Et quand tu seras bien, bien vieille mamy, et que tu vas mourir, tu m’aimeras encore ? »

Et la petite de surenchérir qu’à chaque au revoir, elle dit que : « tu vas manquer. »

Ah, me voilà mal. Il me faut chercher la réponse, plus profond encore, parce que là, en vérité, je ne sais pas ce qu’il en est de cet amour quand on n’est plus. Je ne veux pas leur raconter des niaiseries, ne pas les trahir, ni éluder leur questionnement, ils attendent une réponse.

 

"L’amour n’est pas de toi, il passe par toi, tu en es responsable, mais pas propriétaire. L’amour est une qualité de l’incommensurable." R.U


Alors oui mes petits, quand je serai morte, cet amour sera toujours là, soyez en sûr !

Bon je suis émue, eux pas du tout, ils retournent à leurs jeux, réconciliés, il est vrai.



jeudi 6 août 2020

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ...


Un deux trois soleil, fais moi rêver !


Petit Tom regarde avec insistance sa mère-grand : « Mamy, fais moi rêver ! »

« Mince alors, se dit la grand-mère, d’habitude ce sont les enfants qui inventent des rêves. »

Elle réfléchit un peu, peut être bien qu’il ne s’agit pas d’inventer, mais de raconter ?

« Oui, oui, raconte-moi quand tu étais petite ! »

Les voici, assis dans le grand sofa rouge, bien confortables dans les vieux coussins, et la voix grave, un peu rauque, raconte.

 

« J’étais petite comme toi, j’allais en vacances chez ma grand-mère, Mariette. Avec le papet, ils avaient une ferme, deux vaches, deux chevaux, un cochon, des poules, des canards, des lapins et des rats qui couraient le grenier, ah, il y avait aussi un chien.

Les chambres n’étaient pas chauffées et l’hiver, il faisait bien froid, alors Mariette mettait dans le four de la cuisinière une brique qui devenait bouillante. Elle l’enveloppait de papier journal, et glissait le tout, au fond des draps. Quand l’heure de se coucher venait, le lit était bien douillet, et longtemps les pieds gardaient le contact chaud.

Au petit matin frileux, comme il était bien difficile de sortir de cette couche, je regardais longtemps, à travers la lune des volets, le jour se lever.

- la lune des volets ?

- oui, dans les volets en bois, il y avait une ouverture en forme de croissant de lune.

- tu mettais des couches ?

- mais non, ballot, c’est un mot pour dire le lit. Pas l’objet, mais là où il fait si bon y être. »

 

Petit Tom sourit, et se pelotonne un peu plus encore, il aime, ces mots bizarres que mère-grand utilise comme des ustensiles de cuisine, il aime la chanson de sa voix qui monte et descend, agite comme la cuillère la soupe. Il rit : parfois même, des éclaboussures !

« Encore mamy ! 

- ah, je commence à être fatiguée de parler ! »

 

Petit Tom se serre encore un peu plus, alors :

« Ma grand-mère Mariette, avait donc deux vaches, chacune avait un prénom, elle les aimait avec affection. Elle aimait tous les animaux, et pourtant, elle tuait le pigeon en l’étouffant dans ses mains. C’était curieux, ce n’était pas cruel, je crois bien qu’elle faisait cela avec amour.

Le matin, elle emmenait les vaches au près, les rentrait le soir à l’étable où elles passaient la nuit. Bien sûr j’allais avec elle, et tout allait bien, sauf si nous rencontrions quelques voisins, je n’aimais pas les gens, je n’aimais pas dire bonjour. Mais ce qui était bien, c’est que Mariette ne m’embêtait pas avec ça, elle ne disait pas : Dis bonjour Michelle, dis bonjour ! Tu seras punie, Michelle !!!! ».

 

Et les voilà, partis à rire sur le sofa rouge.

« Le soir, elle les trayait ses vaches, moi je m’installais dans le fond de l’étable sur le tas de foin propre, et je lisais, des livres interdits.

- des livres interdits ?

- oui… »

Les yeux plissés de rides, brillent de malice.

« Y’avait la voisine, Mme Bignon, qui lisait des romans feuilletons d’amour et qui les donnait à ma grand-mère. On m’interdisait ce genre de lecture, mais Mariette me les filait en douce.

Ahhhh, comme il faisait bon dans l’étable, cette bonne odeur de foins mêlés, la chaleur des bêtes, le travail paisible de Mariette, la giclée de lait dans le seau en métal, le déplacement d’air dans le balancement des queues de vaches… »

 

Petit Tom, a fermé les yeux, non il ne s’est pas endormi, il est là-bas dans l’étable, Mariette, les vaches…

La giclée de lait, ne claque plus le vide du seau, elle rebondit dans la douceur blanchâtre qui mousse peu à peu.