Il
y avait l'histoire de ce pigeon qui tournoyait dans le
courant du bassin... L'homme était jeune, il passait-là, un
instant c'était assis, il remarqua ce pigeon qui flottait ainsi à
la surface de l'eau du bassin.
Était-il
mort ? Sûrement qu'il l'était, il voulait s'en persuader. Mais il dut
se rendre à l'évidence, le pigeon le regardait, le pigeon n'était
pas mort...
L'animal
le suppliait... "Aide-moi, aide-moi... ".
Quelle
bataille en cet homme qui était jeune encore, et puis il se décida.
Il y avait du monde autour de lui, mais un cercle de protection
s'étendit, il ne voyait plus personne et plus personne ne le voyait.
Il
prit un sac en plastique dans la poubelle tout près, se saisit du
pigeon qui ne cessait de le regarder avec son œil rond. Et lui
parlant, lui demandant pardon, il fit le geste qui libéra l'oiseau.
Il le baptisa dans cette seconde naissance : « Nuque-
raide ».
Plus
tard, lorsque la mère partit sur le chemin de Compostelle, qu'elle
marcha durant des semaines jusqu'au bout du bout, il lui confia, le
pigeon, le chat et le père. "Emmènes-les avec toi, quand tu
seras arrivée, après Saint-Jacques, le Cap, le bout du monde, avant
de descendre vers Pardon le long de la côte Portugaise, au Finistère
te dis-je, tu ouvriras grand les bras, ils s'envoleront, libres. »
Robert Hilton