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mercredi 6 décembre 2017

Madame Loublié

Les cordes du passé 
Comme celles d’un violon
Vibrent l'air en un appel

Celui du grand sapin dans la nuit
J’ai connu une petite fille
Qui mêlait ses larmes au vent.
 
Je l’ai connu bien vieille
Sur le chemin de Compostelle
Son nom, Mme Loublié.
 
Je m’étais arrêtée parce qu’on m’avait parlé d’elle
Le prétexte ? La crédentiale à tamponner
Je m’en tamponnais bien
Marchant toujours à côté, mais…
 
En face de l’église
Je me souviens aussi d’un pont traversé
J’ai frappé à sa porte.
 
Elle m’attendait, c’est sûr
Elle m’a parlé, parlé
Comme on noie son dernier chagrin
Juste avant de partir.
 
Pendant la dernière guerre
Petite parisienne, elle avait été "déportée"
En Auvergne, où on n’en doutait pas
Elle serait à l’abri, et nourrie correctement
Mais voilà, c’est toujours la même histoire
Il y a cette chose dans l’humain
Qui lui fait manquer de tout dans la séparation
C’est son destin, ça… avant de toucher là ...
Voir ! 
 
Tous les soirs, elle pleurait sa mère
Restée dans la grande ville
Alors elle allait sous le grand sapin
Dans le vent, et même la pluie
Persuadée que celui qui chantait
Du bruissement des longues branches
Comme autant de cheveux emmêlés
Persuadée que ce souffle emporterait
Loin là-bas jusqu’à la capitale
Sa plainte et que sa mère l’entendant
Viendrait la chercher…