Celui
de la maison, au-delà les bruits du voisinage…
Il
est des maisons qui accueillent le silence, j’en ai connues, il a
fallu les quitter. Ces maisons sont de vieilles pierres, entourées
d’un grand jardin où la végétation est dense, de cachettes pour
les enfants, de coins frais pour l’été. On s’y promène
volontiers, regarder les arbres pousser et les fleurs s’ouvrir au
petit matin, s’asseoir près de la margelle, se pencher au-dessus
du puits. Le soir, le soleil vient caresser de ses longs cheveux,
puis la nuit y murmure son chant profond.
En
cette maison, le silence s’est fait absence, il sonne comme du
métal qui tombe sur le carrelage. Il parle d’un vide qui ne peut
jamais se remplir. Alors, le laisser sortir de la maison, c’est
facile, les fenêtres sont toujours ouvertes. Là il se remplit du
chant des grillons et du parfum du jasmin, parfois des nuits torrides
des crapauds, mais il ne devient pas encore familier.
Il
est des endroits particuliers, des endroits qui bruissent, j’en ai
connus, il a fallu les quitter. Ils parlaient de ventres chauds, de
sous-bois parfumés et habités, de rivières vivantes, de la plaine
qui tremble sous le soleil de Juillet, et aussi au cœur de l’hiver,
des embruns de l’océan. Ils parlaient de gothique, de roman, de
ruelles aux pavés décousus, de vieux bistrots, de caves
voûtées.
C’est
le ciel, vacuité, qui enfin l’accueille ce silence, il s’ouvre
sur l’infini, plus loin, plus définitif, sans désir de
retour sur la douceur du souvenir.