Ce que je crois, c’est que l’Homo industrialis, ayant atteint les limites de ce que pouvait supporter la nature, entrevoit sa propre disparition, en même temps que celle des rhinocéros, des condors, des lamantins, des sabots de Vénus et autres espèces qu’il entraîne avec lui. Ebranlé par cette vision, cet homme a-nous avons’ soif d’apprendre comment vivre de manière rationnelle et durable sur la Terre.
La bonne nouvelle, c’est qu’un tel savoir est déjà largement répandu tant chez nombre de populations indigènes que chez les espèces qui peuplent la Terre depuis bien plus longtemps que les humains. Si l’âge de la Terre était une année calendaire et que nous fêtions aujourd’hui la Sains-Sylvestre, nous serions apparus quinze minutes avant minuit, et les soixante dernières secondes auraient suffi pour voir défiler la totalité de notre histoire.
Heureusement pour nous, nos compagnons –le formidable réseau de plantes, d’animaux et de microbes avec qui nous partageons notre planète-ont depuis mars, et pour la première bactérie, depuis 3.8 milliards d’années.
Durant cette période, les êtres vivants ont appris à voler, à parcourir les mers du globe, à vivre dans les profondeurs de l’océan et sur les plus hauts sommets, à fabriquer des matériaux fabuleux, à éclairer la nuit, à capter l’énergie solaire et à voir se développer un cerveau capable d’introspection. Ensemble, les organismes ont réussi à faire de la mer et des rochers un habitat propice à la vie, où les températures sont stables et où des cycles se mettent progressivement en place. Autrement dit, les êtres vivants ont accompli tout ce que nous voulons faire, sans épuiser les combustibles fossiles, sans polluer la planète ou engager leur avenir.
Quels meilleurs modèles pourrions-nous imaginer ?
Jeanine M.Benuyus - Biomimétisme (Editions Rue de l’échiquier)