On
n'a jamais vu de révolte dans les basses-cours, il faut dire que les
conditions y furent tout d'abord agréables, nourriture en abondance,
de bonne qualité, un toit, des clôtures protégeant des prédateurs,
et lorsque le renard parvenait à se glisser dans le poulailler, les
poulettes en frayeur voyaient le gardien, le fermier arrivait en
chemise, le bonnet sur la tête, le bras armé du fusil et pan, pan,
le vilain s'il avait de la chance s'enfuyait. Le lendemain l'homme ne
manquait jamais de boucher les trous, de renforcer le grillage.
Il
n'y a qu'au moment d'être saisi d'une main ferme, suspendue, que la
volaille s'inquiétait, comprenant d'un coup que la main nourricière
venait réclamer son dû.
Qui
de l’œuf, qui de la poule ? La question est encore débattue,
mollement mais quand même, quoi qu'il en soit ni l'un ni l'autre ne
virent venir les batteries, les hangars, les cages, la surpopulation,
le tri des poussins, les manipulations violentes de la naissance à
la mort, les conditions toujours plus...