« Il
y a un an moins un jour... »
Elle
me reprend : « il y a deux ans »
Et
comme elle veut me ménager alors que l'échange est publique
« Déjà !
Le temps passe si vite ! »
C'est
qu'il ne faudrait pas que l'on puisse croire
Qu'à
mon tour je sois atteinte d’Alzheimer
Ou
de je ne sais quelle perte de repères par sénilité
Cela
me fait bien rire, j'aime les entendre dans cette agitation
Qu'ils
pensent si fort, et n'osent dire !
Donc
je poursuis avec ce que je venais dire
Ce
souvenir précis, cette image de lui en un sourire si doux
Je
ne dis pas ce qui ne saurait être compris
Que
ce n'est pas une erreur de ma part « un an moins un jour »
En
moi, tous les événements du « passé »
Tous là à cette juste distance, un an moins un jour
Ceux
de la toute petite enfance, ceux de l'adolescente
Ceux
de la femme séduisante, ceux des amants d'un soir
Ceux
de la maman ours et de ses deux petits
Et
ces enfants grandissant, adolescents, jeunes parents
Souvenirs
des complications, des illusions
De
la marche, libre, tellement libre
Tous,
ils sont là, non qu'ils se bousculent
Ils
sont là à un an moins un jour.
Je
ne dis rien, je sais combien cela leur est étranger
Qu'il
pense profondeur, là où ce n'est que répétition
Il
y a un an moins un jour, qu'il est parti
Et
maintenant je vois son si beau sourire
Adieu
petit père, adieu.