Jours
de pluie, jours de soleil, d'étape en étape, elle n'a plus rien
visité, pas même les églises. Le chemin qui la précédait, la
pénètre peu à peu. Celle qui sait et celle qui ne sait pas, celle
qui entend et celle qui n'entend pas.
Un
soir où l'orage menaçait, qu'elle pressait le pas pour rejoindre un
camping, un agneau déboule du haut d’une prairie. Il accourt en
bêlant. Il a quitté le gros du troupeau qui paît là haut sans se
préoccuper, ni de l’orage, ni de ce comportement surprenant. Le
voici juste derrière la clôture, il la regarde avec ses grands yeux
fendus, lui parle en des reproches. Enfin, c'est ce qu'elle se dit et
de lui répondre en accélérant le pas : « Qu’est ce que tu me
veux ? Tu vois bien que je n’ai pas le temps, il faut que j’arrive
avant la pluie, que je monte la tente avant le déluge. D’abord je
ne te connais pas, tu fais erreur sur la personne, désolé ! » Elle
file sans se retourner, lui l'appelle et ses appels prennent une
intonation de tristesse, enfin c'est ce qu'elle se dit.
L'orage
toute la nuit, elle l'a écouté rugir à la tête de son armada,
vidée de la rage qui était en elle, spectatrice enthousiaste, mais
rien ne calmait la fureur des cieux alors elle s'est tue.
A
la pointe du jour l'orage s'est éloigné, le mariage était
consommé. Elle est sortie de la tente, l'arche de Noé, tout autour
le terrain inondé.
Marie
la propriétaire du camping mettra à sa disposition un bungalow.
Marie la silencieuse qui partage sans mot le doux, le caressant. Et
le doux et le caressant présence agissante.
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