vendredi 14 août 2015

Présence et résonance (27)

Jours de pluie, jours de soleil, d'étape en étape, elle n'a plus rien visité, pas même les églises. Le chemin qui la précédait, la pénètre peu à peu. Celle qui sait et celle qui ne sait pas, celle qui entend et celle qui n'entend pas.
Un soir où l'orage menaçait, qu'elle pressait le pas pour rejoindre un camping, un agneau déboule du haut d’une prairie. Il accourt en bêlant. Il a quitté le gros du troupeau qui paît là haut sans se préoccuper, ni de l’orage, ni de ce comportement surprenant. Le voici juste derrière la clôture, il la regarde avec ses grands yeux fendus, lui parle en des reproches. Enfin, c'est ce qu'elle se dit et de lui répondre en accélérant le pas : « Qu’est ce que tu me veux ? Tu vois bien que je n’ai pas le temps, il faut que j’arrive avant la pluie, que je monte la tente avant le déluge. D’abord je ne te connais pas, tu fais erreur sur la personne, désolé ! » Elle file sans se retourner, lui l'appelle et ses appels prennent une intonation de tristesse, enfin c'est ce qu'elle se dit.
L'orage toute la nuit, elle l'a écouté rugir à la tête de son armada, vidée de la rage qui était en elle, spectatrice enthousiaste, mais rien ne calmait la fureur des cieux alors elle s'est tue.
A la pointe du jour l'orage s'est éloigné, le mariage était consommé. Elle est sortie de la tente, l'arche de Noé, tout autour le terrain inondé.
Marie la propriétaire du camping mettra à sa disposition un bungalow. Marie la silencieuse qui partage sans mot le doux, le caressant. Et le doux et le caressant présence agissante. 
 

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