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mercredi 14 juin 2017

Frédérick Leboyer "Je suis devenu un "hippy""

Il est question de naissance...
Avoir porté en son ventre
Laisser grandir en soi
Mettre au monde
J'en ai déjà parlé plusieurs fois
Pas de péridurale en ce temps-là
Avoir d'instinct surfer la vague
Entre plaisir et douleur
Et ce moment si intense de la délivrance !
Accueillir l'enfant nouveau-né
En tellement de joie, et de fierté
Extase de conscience accrue.

C'est bien plus tard que j'ai lu cet homme
Frédérick Leboyer, médecin de son état
Un avec qui j'aurai aimé parlé...
Il vient de mourir
Dans un presque parfait silence médiatique, c'est dire !!!





Ci-dessous quelques extraits d'un entretien
C'est bien ça !

La naissance me semble l’exemple-type de l’événement unique dans le temps, de l’événement absolument non-reproductible. Ne défie-t-elle pas de ce fait tout approche scientifique ?
Frédéric Leboyer : Absolument. Chaque instant est nouveau, chaque naissance est différente. Vouloir l’aborder scientifiquement est une erreur. Comme la science ne s’intéresse qu’à des faits reproductibles, elle est par essence en-dehors de la vérité. On ne peut s’approcher de la vérité que par des symboles, des paraboles, que ce soient les paraboles chrétiennes, celles des autres mythologies, ou celles qu’employait Freud. Quand l’approche scientifique ne marche pas, on pense malheureusement qu’il faut plus de connaissances, de recherches, de crédits, et qu’alors on saura… Non ! Il faut prendre un autre chemin, une autre attitude, une autre perspective. Il faut envisager que la science n’est vraie qu’entre certaines limites. Au-delà, que devient-on ? On l’ignore. Mais on vit encore dans cette illusion du XVIIIème ou du XIXème siècle que la science pourrait finalement rendre compte de tout.
La naissance est un changement de niveau. C’est pourquoi il faut cesser de la voir comme un problème médical, biologique, physiologique. Il ne faut pas la regarder avec les yeux des médecins, ni avec nos yeux d’êtres humains. C’est un autre langage, une autre dimension, comme la mort. La naissance est une intersection de la durée, une entrée dans le temps quotidien, ordinaire.
...

Une amie qui a eu deux enfants m’a dit ces paroles merveilleuses : « quand une femme attend un bébé, à partir d’un certain moment, elle entre dans un état extraordinaire, elle n’attend plus rien, elle est comblée ». Dans la vie nous attendons toujours quelque chose, un livre, un film, un amant, un enfant… Elle, elle était sortie de la durée, dans la mesure où elle était complète. Cet état de plénitude où enfin on n’attend plus rien parce que plus rien ne manque est indescriptible…
Sans doute rejoint-il l’expérience mystique…
Exactement. Et les hommes essaient de revivre ce qui vient naturellement à la femme. Ils ne peuvent y parvenir qu’en retournant à leur propre naissance puisqu’eux-mêmes ne peuvent pas accoucher. Tous les chemins initiatiques sont des retours au sein de la mère pour revivre cet état de fusion totale.

Que se passe-t-il dans la conscience d’une femme au moment de l’accouchement ?
Une femme qui a touché les profondeurs d’elle-même cesse d’être limitée dans son corps pendant l’accouchement. Tout d’un coup elle devient une avec la Mère Divine, c’est-à-dire avec la vie, avec la Terre. Elle perçoit que quelque chose passe à travers elle. La peur de la grande expérience initiatique où, tout d’un coup, les murs du petit moi mental tombent. Ce fantastique élargissement du champ de conscience fait si peur que la femme s’en défend désespérément. Elle se raccroche à n’importe quoi. Elle est en train de se noyer ; or, il faut qu’une personne, qui ait elle-même vécu cela, qui se soit déjà noyée, ait le courage de lui dire « noie-toi », qu’elle la laisse se noyer, mourir. Car souvent elle meurt sous vos yeux : j’ai vu des femmes devenir blanches, vertes, avoir des sueurs froides, leur visage se creusait comme celui d’une agonisante. Elles sont passées par la mort, puis sont revenues à la vie.


Je ne peux que vous convier à découvrir l'intégralité de cet entretien... c'est un beau partage...

Ces derniers mots :
J’entrevois de plus en plus, sans trop comprendre, que tout ce que j’ai écrit sur la naissance s’applique en fait aussi à la mort. C’est la mort que je suis en train de raconter, de comprendre, de deviner. Ce n’est pas un parallélisme que je vois entre elles, ni une symétrie, mais…