Affichage des articles dont le libellé est Le chemin de Compostelle. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Le chemin de Compostelle. Afficher tous les articles

mardi 22 mai 2018

Et le chemin passait-là

Elle avait quitté les vastes plaines
Où l’homme avait construit les cités
Depuis des jours, elle gravissait la montagne
Routes, chemins, en lacets
Des jours, des mois, des années, des vies
A suivre ce tracé, larges virages
A droite, à gauche
Dans la fatigue du nez collé aux pas
Dans la découverte de si beaux paysages
Tous les temps se succédant, froid, chaud
La soif, et puis mouillée jusqu’aux os
Et puis surgissant de nulle part
L’arrêt commandé par le corps
Et autre chose, invisible présence.

Points de vue embrassant toute la vallée
Grottes profondes et fraîches
Ruines tapies, sous-bois herbeux
Retrouver dans l’instant
Le goût de l’éternité
Et chaque soir, ce repos accordé
Moments de joies paisibles offerts.


Lorsque les choses importantes approchent
Cela se sait, l’esprit devient silencieux
Et le corps en alerte
Non pas tendu
Si vivant.

Elle avait atteint un plateau
Où la marche était aisée
Quand cela surgit au loin
Un sommet culminait
Les yeux devinaient une sente
Sur le dos de la bête
Toute droite, comme une échelle
De la terre au ciel.

Elle stoppa net
Elle savait que le chemin passait là.



  BÁSICOS DE LA TOMA DE CONCIENCIA

jeudi 18 janvier 2018

Le chemin de Compostelle (1)

Quelque chose s’était passé... une rencontre au fond d’un couloir dans la pénombre d’un soir pluvieux, une mystérieuse vibration qui avait réveillé l'énergie lovée, quelque chose de chaud, de vivant…
Elle avait laissé traîner une douleur dans l’épaule, le corps a sa propre intelligence il saurait bien se réparer tout seul. La réponse fut un blocage de l’articulation qui devint si handicapant qu’elle prit peur. Le médecin ordonna une radio qui ne révéla aucun traumatisme, aucun indice pour expliquer l’entrave de ce bras, il recommanda des séances de kiné. A peine rentrée, elle téléphona. 
 
Une voix d’homme, claire, traversant l’espace, il est là. Comme s’il attendait cet appel, il dit qu’il peut la recevoir de suite.
Dans la rue elle cherche, ne trouve pas l’entrée du cabinet, s’énerve, elle va être en retard, elle a horreur de ça. Enfin se rendre compte que plusieurs fois elle est passée devant le portail sans le voir. Une petite grille en fer rouillé, une courte allée bétonnée dans une cour embroussaillée, la porte de la maison s’ouvre, il l'attendait.
Il la précède dans un couloir sombre, c’est à peine s’ils ont échangé quelques mots, elle aura ri, expliquant qu’elle ne trouvait pas … mais déjà elle se tait. La pièce est exiguë, c’est un autre couloir, un lit de consultation occupe la place. Elle ôte sa veste, il dit que ce n’est pas nécessaire qu’elle se déshabille.
Elle s’allonge, sur le mur qui fait face un poster, une plage de sable fin et cocotiers… Le regard se pose, le regard n’accroche rien, suspension, immobile, sur un fil invisible depuis ce premier contact avec la voix au téléphone.
Il tourne autour de la table, ses mains restent au-dessus du corps, au niveau du pubis une douce chaleur. Rien ne la trouble, pas même cette émotion qu’elle sent en lui. Puis il lui parle d’énergies qui seraient bloquées, qu’il ne sait pas quand agira ce qu’il a fait, qu’elle pourrait faire ce qu’il fait, que pour la suite elle verra cela avec le kiné.
Il a quitté la pièce, vif comme l’éclair. Le temps de remettre les chaussures, la veste, et les questions affluent : « Mais qui est cet homme, ce n'est pas le kiné ? et qu’a-t-il fait qui agira tantôt ??? ». 
Elle ne lui posera aucune question, repartira infiniment troublée, découvrira au rendez-vous suivant que remplaçant du kiné il est magnétiseur. Elle ne le reverra jamais …


Christophe Jacrot