Au
petit matin, je me suis réveillé. J’avais tout perdu, je
n’attendais plus rien. Comme un espace qui s’ouvrait là, un
grand calme, les yeux ouverts sur tout.
Et
ce fut comme une nouvelle force venue avec les premiers rayons.
J’ai
quitté le fossé et ses odeurs, me suis éloigné définitivement de
mon jeune passé. J’ai pris la route qui passait là, et tout droit
j’ai été vers l’inconnu que je ne connaissais pas.
C’était
de part et d’autre de la route, de la nature sauvage, avec des
taillis, des rochers et des sentes qui s’enfonçaient vers je ne
sais quelle destination. Une voiture est passée, j’ai pris le
maquis, et j’ai continué à avancer. Le bruit de la route d’en
haut avait disparu. Les oiseaux chantaient, mais aucun coq ne
rivalisait avec eux, il n’y avait donc aucune maison.
Finalement,
je suis arrivé à … Une chose étrange, toute cette eau qui filait
à si vive allure, et qui n’en finissait jamais de couler. Là j’ai
bu. Cette eau était fraîche, douce.
Je
suis longtemps resté assis là, puis couché, tout était si
paisible, dedans, dehors, seul je l’étais, mais sans peur.
Le
soleil a chauffé les pierres, il y en avait tant, j’en ai choisi
une, bien lisse et me suis endormi.
C’est
la fraîcheur qui m’a réveillé, la faim aussi, mais ce qui se
passait était si surprenant, que j’ai vite oublié ces
gargouillements.
Le
soleil, touchait la grande eau là-bas, rouge profond, comme le sang
de ce cabri abandonné dans le fossé, et lentement il s’enfonçait,
disparaissait. Je comprenais, ce qu’est la nuit, que jamais j’avais
vu, ni même remarqué que le soleil court dans le ciel, je
découvrais que les choses ont un lien, qu’elles vont ensemble.
Cela
m’a procuré une grande joie, c’était comme une ouverture, un
mode vaste s’ouvrait là.
Avec
la nuit la faim est revenue, alors je me suis engagé dans les
taillis.
Bonne chance à toi, petit chien !
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