jeudi 26 janvier 2023
Ma peau de bête (14)
vendredi 20 janvier 2023
Ma peau de bête (13)
J’ai
interdit à Ficelle de se rendre dans l’enclos.Elle
refusait d’entendre ce que je disais. Pour elle, impossible que les
deux pattes se conduisent ainsi.-
Il y a des lois, je le sais, des lois que les deux pattes ont
décidés pour nous protéger.-
De quoi parles-tu ma pauvre Ficelle ? Nous protéger !
Pour
la première fois, nous nous sommes disputés. Je suis revenu la
chercher au bord de la rivière. Elle
pleure, tournant la tête vers moi :« Comment
vivre en ce monde ? Je ne peux pas vivre dans ce monde ! Se
méfier, fuir, se terrer dans notre différence. »
Je
ne comprends pas de quoi elle veut parler.Comment
peut-elle parler ainsi de notre vie ici ?
Elle
continue déchirée, déchirante :« Je
les ai connus, ils étaient doux, attentifs… »Elle
parle des deux pattes, elle parle de nos relations avec ces fils du
diable !Voir
avec effroi, qu’elle n’a jamais été heureuse au point où je
l’étais, que toujours au fond d’elle, elle était en attente
d’une chose qui n’existe pas pour moi. J’avais cru à une
renaissance, elle avait seulement tiré la porte. Derrière tout
était resté en état.Un
froid profond m’a envahi.Je
n’ai rien dit, nous sommes rentrés au gîte, les petits
attendaient.
Je
me sentais à la fois très proche d’elle, plus que je ne l’avais
jamais été, et en même temps si seul, loin de tout.Elle
s’occupe des petits avec autant d’attention que d’habitude.Le
souvenir des mes premiers compagnons, les grands chiens noirs et de
la femme qui les sortait dans les champs de canne m’est revenu.Tout
est là… mais bien fini, aucune émotion, ce temps là est bien
mort. Aucune branche, impossible de m’accrocher pour me rapprocher
de la détresse de ma Ficelle, je n’attends plus rien des deux
pattes. Pas même des ennemis, seulement des êtres à part, deux
mondes même pas parallèles qui se côtoient pour notre malheur. Les
fuir, coûte que coûte.
A
partir de ce jour, s’en fut vraiment fini de l’harmonie.
L’inquiétude, la peur trônaient, tyranniques, obsédantes,
destructrices.
jeudi 19 janvier 2023
Ma peau de bête (12)
mercredi 18 janvier 2023
Ma peau de bête (11)
mardi 17 janvier 2023
Ma peau de bête (10)
lundi 16 janvier 2023
Ma peau de bête (9)
lundi 19 décembre 2022
Ma peau de bête (8)
samedi 17 décembre 2022
Ma peau de bête (7)
vendredi 16 décembre 2022
Ma peau de bête (6)
La plupart des deux pattes ne faisaient que passer. Ils venaient déposer toutes ces choses sur le bord de la route. Souvent, ils laissaient là des cadavres, de cabris, de cochons, des têtes de vache… Nous savions alors que le soir venu nous n’aurions pas à entrer dans l’Enclos, un festin nous attendait, livré à domicile.
D’autres deux pattes s’arrêtaient, regardaient ces tas, sans vraiment les fouiller. La vieille disait : « Regarde les, ces curieux, ils viennent voir les yeux dans les yeux leur face misérable. » Je n’ai jamais vraiment compris le sens de cette réflexion, il faut dire qu’elle en avait dans le ciboulot, La vieille ! Elle avait vécu tant de choses qu’elle en avait attrapé une certaine philosophie. Ainsi elle voyait des choses que je ne voyais pas.
D’autres deux pattes passaient dans de gros camions remplis de tout un barda. Ils allaient décharger dans l’Enclos, là où la nuit venue nous irions en cas de pénurie, chercher de quoi manger.
Et dans l’Enclos, tout le long du jour, travaillaient engins et deux pattes à entasser, ranger, recouvrir les restes que nous irions déterrer plus tard.
Nous attendions donc le soir, les allées et venues finies, pour vaquer à nos occupations. Il y avait tant à manger, que nos relations ne posaient pas de problème, suffisait de garder la bonne distance.
mercredi 14 décembre 2022
Ma peau de bête (5)
mardi 13 décembre 2022
Ma peau de bête (4)
mercredi 7 décembre 2022
Ma peau de bête (3)
J’ai attendu, on viendrait bien me chercher une fois qu’on m’aurait suffisamment puni.
Le jour s’est levé, j’allais manquer la promenade du matin. Le soleil s’est fait ardent, il est passé au zénith. J’ai eu faim, puis soif. La nuit est venue.
J’ai attendu là, caché dans le fossé. Je ne pouvais pas me résoudre à quitter le coin, j’avais peur de les manquer quand on reviendrait me chercher.
C’était assez étrange d’être dans cette espérance, mais que faire d’autre ? Savais même pas qu’il est possible de vivre loin des deux pattes, et puis il me fallait retrouver mes amis de la ballade, de toute façon à ce moment là, je n’imaginais même pas que l’on puisse ne pas venir me rechercher.
Une nuit, j’ai commencé à avoir des doutes. Et si on ne venait pas ? Le doute est devenu obsédant, j’allais donc mourir ici sans les revoir, mes trois compagnons de ballade et elle, si douce. J’allais donc mourir ici, comme un chien dans ce fossé ?
Ce fut la plus longue des nuits, une de celle qui ne finit jamais, où toute certitude disparaît et les espoirs avec.
Je la voyais dans le chemin qui traverse les champs de canne, je les voyais si grands, si forts, noirs comme la nuit du fossé, j’ai même revu les mamelles de ma mère et senti leurs douces odeurs réconfortantes.
Enfin, je me suis endormi dans ce flot de souvenirs qui venaient me dire adieu, sanglotant de la tête aux pieds. Il n’y avait plus qu’une peine infinie, l’univers tout entier était là, dans ce trou béant que j’étais.
mardi 6 décembre 2022
Ma peau de bête (2)
lundi 5 décembre 2022
Ma peau de bête (1)